
Blake Edwards là où on ne l'attend pas vraiment : un thriller médical. Et cette opération clandestine est plutôt réussie. mariage adroit d'une fine observation des moeurs de l'époque et du thriller-whodunit se passant dans le milieu médical - qui préfigure pas mal Urgences.
Coburn fait un Carey incisif, persifleur, pourfendeur du laxisme et de la corruption ambiante. tout en étant gentilment anticonformiste et, quelque part, en avance sur son temps. car le sujet de l'avortement, sujet brulant s'il en est aux USA, est le coeur du film. Illegalité, pratique de la médecine en fonction de ses croyances. De Dr Tao pratique illégalement les avortements, mais de par son attachement au fait que les femmes doivent avoir le contrôle sur le corps. Une idée qui passe mal (et qui a mal passé en 1972, le film ayant été un gros échec) et qui mène de docteur par la case prison.
Côté enquête, là aussi c'est plutôt anticonformiste. la scène où Carey arrache la vérité de la bouche de la roomate de la fille Kendall (jouée par Jennifer Edwards) est assez couillue. Une séance de gymkana en voiture, avec cascades à la clé - et une montée en puissance du suspense et de l'hystérie de l'adolescente. Pas mal du tout. Ce qui fait quelque part dire à un flic que Carey est pire que tous les traitements policiers effectués - voir la séquence de torture mentale finale.
En fait, à y regarder de plus près, Edwards délaisse le côté whodunit pour mieux s'intéresser au personnage de Carey. ses contradictions, son attachement à la diététicienne jouée par Jennifer O'Neill. En pleine séparation, elle aussi vacille dans son quotidien. leur histoire, menée en parallèle des tumultes hospitaliers, tient lieu là aussi de photographie des mœurs de l'époque. Le mariage est une notion "out", la question de l'avortement se pose ouvertement (là où les italiens donnent la même année le côté exploitatif et racoleur de la chose dans Mais qu'avez-vous fait à Solange?), la violence policière, la trafic de drogue dans les hopitaux...mais mené avec un certain détachement. La volonté n'est pas de faire du spectaculaire, mais de l'insérer dans un quotidien bien réel.
La révélation va dans le sens de la marche
Spoiler : :
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Comme d'habitude chez Edwards, le Scope est utilisé de manière plus qu'adéquate pour bien mettre en profondeur l'ensemble des décors, et les déplacements de personnages dans l'espace. Qu'il soit confiné (comme la scène de massage assez tordue ) ou vaste (l'autopsie), Edwards sait composer avec son cadre et le rendre parlant de par les regards des acteurs ou l'espace créé, même dans les scènes de bagarres, poursuites ou la scène finale.
The Carey Treatment garde un côté éminemment moderne 40 ans après sa réalisation, c'est bien là sa force. Parce qu'il pose de bonnes questions de la meilleure manière qui soit.
Vus sur un enregistrement sur FR3 datant de (ouhla) environ 1990 que j'ai toujours conservé et passé sur DVD et que je suis très content d'avoir conservé!), projeté au cinéma de Minuit. Scope 2.35:1 respecté, avec st jaunes incrustés sur l'image. Durée : 1h39. A ma connaissance, aucun dvd officiel, hormis un obscur dvd espagnol. C'est une prod MGM.
Plus une partition funky-jazzy de Roy Budd (un auteur dont je découvre aujourd'hui l'étendue du talent!), autre bon atout du film.