Only God Forgives - Nicolas Winding Refn (2013)

[Teurk le Sicaire]

Le dernier film de Refn, et pas le plus facile d'accès. Le réalisateur retrouve ici tous ses tics habituels : un rythme très lent ponctué d'explosion de violence pouvant sombrer dans le gore, des plans prolongés sur des acteurs immobiles et intériorisés (ou apathiques, selon l'appréciation), une mise en scène chiadée avec une photographie splendide (les jeux d'ombre et de lumière sont très poussées et nécessitent de voir le film dans de bonnes conditions de projection), des séquences d'action efficaces, un côté poseur qui sonne parfois un peu creux, d'autant que le scénario est assez maigre, se reposant sur ses errances intellectuello-mystiques (même défaut que pour Valhalla Rising).

C'est ce dernier point qui enferme le film dans une niche cinématographique pour public très ciblé, car faut accepter de rien piper à ce qu'il se passe pendant une bonne partie de l'histoire (Refn n'hésite pas à embrouiller le spectateur en mélangeant des séquences réelles et imaginaires, jusqu'à faire douter de l'existence de certains personnages). On peut finir par s'en sortir si l'on est sensible à la thématique oedipienne et à la culpabilité névrotique qui permettent de mettre un peu de sens sur le comportement des divers protagonistes.

Spoiler : :

On a donc Ryan Gosling (même jeu d'acteur que dans Drive) en fils impuissant castré par sa mère oedipienne et qui souffre de la culpabilité d'avoir tué son père avec ses poings (d'où ses fantasmes récurrents et irréalisables de masturbation féminine, couplées à son désir de se faire trancher les bras). Une mère oedipienne (Kristin Scott Thomas qui assure bien le rôle, surtout quand elle compare les tailles de bite de ses mômes) qui semble avoir également fracassé la construction psychique de son autre fiston mais qui n'aime pas pour autant qu'on vienne lu voler ses objets filiaux. Et au milieu de ce drame familial se promène le héros supra-masculin typiquement refnien (Vithaya Pansringarm, impeccable en miroir de l'intériorisation goslingienne) qui déboite dans le sang tout le casting sans qu'aucun flic n'en prenne ombrage, personnage tellement indestructible qu'on ne peut imaginer qu'il soit autre chose qu'une allégorie de la justice divine (et un chanteur hors-pair).

Mieux vaut donc savoir un peu à quoi s'attendre avant de se lancer dans Only God Forgives. Oui, le film est très très beau, les acteurs sont bien dans le ton, la scène de boxe thai entre Gosling et Pansringarm fait bien mal, y'a toujours de bonnes idées (les prostituées qui ferment les yeux lors de la séquence de torture), Rhatha Phongam est ma foi fort jolie, l'ambiance thaïlandaise est exotique, mais ça serait bien que Refn finisse par embaucher un scénariste afin d'éviter de sombrer dans le piège de sa carrière, à savoir se contenter de se regarder réaliser.

[MadXav]

Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer suite au visionnage de ce film !
Refn nous balance un DRIVE superbe, je me dis qu'il est enfin sur la bonne voie, et Paf ! Film suivant il replonge dans la merde la tête la première ! Alors quand je dis ça, je ne dis pas que le film est une merde, mais bien que son réalisateur renoue avec cette boue dégueulasse dans laquelle il aimait à patauger, avec la trilogie PUSHER notamment. Cette fois-ci, le bonhomme se pose en Thaïlande et nous dévoile ce qu'elle a de pire à proposer. On évolue dans le milieu de la drogue, prostitution, violence... Honnêtement, il le fait bien. On a une ambiance, c'est crade, la photographie est superbe et c'est même ponctué de belle idées de mise en scène. Le combat, les prostituées qui ferment les yeux, etc.

Mais à côté de ça qu'avons nous ? Un réal qui se regarde le nombril. Un mec qui ne fait pas un film d'auteur mais qui se dit qu'il veut faire un film d'auteur. C'est forcé, artificiel, ça tire sur la corde. On ne sait jamais si certains personnages sont présents ou absents. Et s'ils sont présents (la mère lors du combat), comment sont ils arrivés jusque là ? Des plans fixes, des couloirs qui n'en finissent pas, du rouge partout.
J'ai beaucoup pensé à un mec qui aurait voulu imiter Lynch sans pour autant arriver à sa cheville. Le choix des couleurs (rouge très dominant), l'aspect satiné des femmes, le côté théatral, la femme et la putain etc. Mais quand le générique tombe, on voit que le métrage est dédié à Jodorwski et effectivement, il a beaucoup du monsieur dedans... Quoiqu'il en soit, si certaines thématiques sont là, Refn échoue dans sa tentative d'offrir un métrage à la hauteur de ceux de ses modèles.
Peut-être parce que son scénario est incroyablement filiforme et aurait pu n'être que la trame d'un court ou d'un moyen métrage. Peut-être parce que l'absurdité de certains plans fait systématiquement sortir du film (le flic chantant). Ou peut être enfin parce que l'incroyable violence du métrage dégoutera la plupart des spectateurs... Parce que oui. Beaucoup de gens avaient reproché à DRIVE ses élans gores. On est ici un gros cran au dessus. Refn est plus gore que dans ses précédentes réalisations, montrant pour choquer, volontairement, comme un gosse.

Bref, je suis très partagé, avec une tendance négative. Très belle ambiance, belle B.O. également, mais on s'enfonce dans un délire rougeoyant façon la deuxième partie de VALHALLA RISING. Et puis Ryan Gosling me fait rire. Toujours aussi mutique et couillon que dans DRIVE, une vraie moule. Ca fonctionnait dans DRIVE mais deux fois de suite, je pense qu'il convient quand même de se poser des questions !

[Cosmodog]

Dubitatif aussi. J'attendais beaucoup de ce film. Trop sans doute. Visuellement, c'est magnifique, la photo est renversante. Mais comme déjà dit, c'est trop abscont, et je pense également que Refn se regarde un peu trop filmer. Un peu ce que j'avais ressenti devant "Vahlalla Rising", à savoir qu'il balance des images symboliques un peu dans toutes les directions, qu'il appuie le côté métaphysique pour la forme, au spectateur de se démerder avec ça pour en tirer du sens. Pour comparaison avec un film de Lynch (et je trouve aussi que ce "Only god forgive" a bien des accents Lynchien), même lorsque le sens de l'oeuvre nous échappe, du moins en partie, on sens que Lynch, lui, sait où il va et qu'il y a de multiples idées à l'oeuvre. Là, avec Refn, l'ombre de la vacuité plane sur le métrage, d'abord le travail d'un esthète formel.

Surpris aussi de la dédicace à Jodorowsky, même si certains plans pendant le film m'ont rappelé (intentionnellement je pense) "Santa Sangre". La filiation ne me paraît pourtant pas si évidente que ça, bien que les thèmes eodipiens et la mutilation soit une constante des oeuvres de Jodo, il manque tout de même une dimension spirituelle à l'ensemble.

[Manolito]

Eefn avait déjà fait sa copie de Lynch avec "Fear X", il recommence ici pour un résultat pénible. Il y a quand même deux choses que j'ai appréciées : le personnage de la mère, savoureux, et aussi celui du héros impuissant et complètement incapable, antithèse complète du super-héros de "Drive".

Mais à nouveau, Refn s'applique, mais n'apporte aucune personnalité à son film, se contentant en majorité de ressasser du vu et du revu. La fin absconse enfonce le clou du ratage.

[comte vonkrolock]

Vu aujourd'hui et ma foi s'en être aussi plaisant qu'un Drive, en même temps Winding Refn (NWR) fait-il du cinéma pour faire plaisir.... N'ayant pas la culture cinématographique de certain pour analyser, et ne connaissant pas le cinéma de Jodorowsky. Cela ne pas pas empêcher de comprendre au moins le fond, c'est pas du Kubrick non plus
Un film qui se laisse voir et qui agis comme une véritable expérience, au même titre qu'un Irréversible, qui prend a contrepied tous ceux qui aurait découvert son cinéma à travers Drive, si la vengeance pouvait paraître glamour dans celui-ci ou bien ça mise en scène copier sur Michael Mann. Il en est tout autres avec Only God Forgives NWR semble remet les pendule a l'heure si je puis dire. Le plus laid, le crade côtoie le plus beau, tant est si bien si on arrive a y trouver a travers ces moments calme et contemplatif un peu de cette pureté, beauté qui fait tous le cinéma de se réalisateur. Clairement anti-commercial.
On comprend bien pourquoi cela se passe a Bangkok, les bases de son histoire pourrait se dérouler n'importe qu'elle époque: une vengeance. Mais NWR a choisi de nous montrer ça a travers un pays émergeant ou le contraste entre la classe moyenne aisée est si éloigné de la pire des misères (prostitution des mineurs) que cela constitue le plus formidable des décors pour ce drame.

Un cinéma qui se vit qu'ont subit d'une certaine manière, viscérale ça prend réellement au tripes. L'histoire est limpide, une tragédie grecque comme quelqu'un a lancé plus haut je crois. Le personnage de Christine Scott Thomas est haïssable/détestable (on comprendre pourquoi) a souhait, tout se joue a travers des images forte. Un film presque muet. Bref pour ma part j'y est trouver mon compte, j'en demandais presque pas tant alors que je suis toujours totalement réfractaire a son Bronson.
Je pense pas que NWR, n'y Goselin se regarde le nombril, il font juste un cinéma autre. Complétement a l'opposé des critères commerciaux et a découvrir en salle bien sûr.

[Lord Taki]

Très contemplatif, rythme lent avec des fulgurances de violences, magnifiquement photographié...
C'est clairement du cinéma, après il faut entrer dans le trip ou pas.

J'y étais dedans du début à la fin pour ma part, mais je lui préfère Drive pour une émotion plus présente.

[Verhoeven]

Visuellement c'est splendide, une photo très rouge et un sens du cadre assez dingue. L'ambiance sonore est assourdissante, les sons graves vibrent sans cesse, j'ai beaucoup pensé à Irreversible et à Gaspar Noé pendant ce film pour l'ambiance poisseuse et suffocante qui ne nous lache pas mais encore une fois comme pour Drive j'ai aussi pensé à Michael Mann période Collateral pour les images de nuit et certaines musiques approchantes.
J'ai adoré le personnage de Kristin Scott Thomas et l'éclairage qui varie suivant son humeur. Ryan Gosling continue dans son personnage quasi muet mais cette fois ci subit les évènements du début à la fin et concrètement en prend plein la poire.
Pour le reste c'est contemplatif et surtout très loooooong et Refn se regarde gentiment filmer jusqu'à frôler la parodie (mon dieu le Karaoké quoi ! ). Dans ce style j'ai préféré Valhalla rising !

Un anti-Drive qui va en décontenancer un paquet...

[Dragonball]

Avec "Only god forgive", il aurait été facile pour Nicolas Winding Refn de nous offrir une sorte de "Drive 2" et c'est d'ailleurs sans doute ce qu'attendait une partie du public, en particulier les blaireaux de Canne !

Hors, Refn prend ici un double risque, tout d'abord celui de pousser son sens de l'esthétisme au maximum, quitte à rendre parfois son film totalement opaque (En ce sens, le film s'avère plus proche au niveau des sensations de Vahalla Rising que de Drive).

Mais surtout, et là Refn fait vraiment fort, "Only God Forgive" s'évertu méticuleusement à faire voler en éclats l'iconisation de Ryan Gosling mise en place dans Drive. Et on peut tirer son chapeau à Ryan Gosling d’avoir accepter un rôle ou il passe limite pour un débile, un naze, voir un impuissant. Sur que la plupart des acteurs se serait barré en courant à la lecture du script !

"Only god forgive" est donc un film très particulier, difficile d’accès et allant volontairement à l'opposé des attendes de la majorité des spectateurs.

Le film n'est évidement pas dénué de défauts (Lors de la première partie du film, faut s'accrocher, parce que c'est quand même bine lent ! ) mais l'ambiance du film, ses situations décalées, la beauté des plans et sa galerie de personnage étranges, lynchiens pourrait on dire, en font définitivement encore une grande réussite de Nicolas Winding Refn.

[fiend41]

zen et calme avec qq moments de folie. tant qu'à faire il aurait pu taper plus loin, comme suggérait "visitor Q" . le probleme c'est la notion réalité / cauchemar qui ne semble pas bien marquée. ça m'a joué des tours à la fin surtout.. est-ce bien arrivé ou pas ?

[Omega]

Vu hier soir en HD VOST :

Je m'attendais à un négatif de "Drive" (l'un des films qui a le plus influencé mon gout de l'esthétique) et j'ai eu exactement ce que j'attendais. Contemplatif à souhait, lent, lourd, chargé de sens, parfois à l’extrême. J'ai adoré, sans compter l'usage des néons aussi au taquet. Gosling est tout autant parfait que dans "Drive" (on accroche ou pas). Pansringarm également, donnant davantage au film dans lesymbolique. Le score de Martinez parfait le travail débuté avec sa précédente collaboration. Bref, avec sa thématique œdipienne et tout ce le tralala, OGF se classe au même niveau de réussite et d'impact que Bronson et Drive.

Je pense que Refn est sans nul doute le gars qui me parle le plus dans le panorama cinématographique, plus que Argento & co. Il ne me reste que The Neon Demon pour confirmer ça.

[Machet]

J'ai adoré. Intrigue réduite à rien, personnages résumés en une ligne, c'est du cinéma pure : image et son font le boulot. Ça pourrait être l'intrigue d'un Seagal de seconde zone. Et c'est ça qui est fort : c'est une question de talent. TOUT est dans le style et le poids des plans, des cadres et de l'impact sensoriel. J'ai particulièrement apprécié l'aspect théâtral de l'ensemble, le minimalisme apparent, le temps suspendu. Le film tient jusqu'au bout. Bravo.

[dario carpenter]

William Friedkin et Nicolas Winding Refn s'amusent: