Voici la review d'Eric, enfin découvert recemment ce film stupidement titré en francais lors de sa sortie Le bal du vaudou:
Il s'agit d'une sorte de remake d’Orange Mécanique dont il emprunte non seulement certains des élèments mais plagie certaines scénes.
L’intrigue traite des dérives d'une société futuriste dans laquelle la violence tend à être contrôlée.
Si on retrouve donc certains élèments du film de Kubrick comme ce gang de jeunes voyous en uniforme, le mobilier futuriste et kitch en plastique blanc, la reconversion des délinquants par traitement musclé en institut de recherches psychiatriques et quelques séquences comme les virées en voiture, la scéne du viol réference à celle de la femme de l'écrivain chez Kubrick, l'orgie décadente

dans un décor trés design, le banissement du gang de David qui pourrait être vu comme une sorte d'Alex, Una gota... repose avant tout sur l'histoire de cette infirmière qui, traumatisée par le suicide de ses parents, assassine ses malades.
De La Iglesia fait fi des conventions et y mélange en fait trois styles de violence qui finalement se croisent sans jamais se rencontrer: l'infirmière meurtrière, le gang des Anges noirs et cette société aux idéologies douteuses préconisant la pensée unique et l'asservissement insidieux de la population.
Si le film débute de manière classique tentant donc de mélanger Repulsion-le personnage d'Anna- et A clockwork orange, on retrouve assez rapidement le triptyque inherent à ce type de films: le meurtrier, les fiancés qui ne se doutent de rien et le maitre-chanteur qui se retrouve victime de sa propre audace.
C'est donc assez mitigé qu'on suit le film qui au premier abord donne l'impression d'un film de série plutôt chaotique et mal agencé, renforcé par une réalisation morne, manquant sérieusement d'energie, loin d'être à la hauteur des ambitions de La Iglesia et de son sujet.
Souvent maladroit, il enchaine les meurtres orchestrés par Anna, reine du déguisement et mante religieuse, de façon monotone car excessivement répétitifs.
Ils y sont en outre d’une exemplaire discrétion, Anna se contentant d'enfoncer le plus souvent hors champ un scalpel dans la poitrine de ses victimes aprés leur avoir fait l'amour, la bande-son laissant entendre les battements du coeur à l'interieur de leur poitrine, échos morbides qui rapellent ceux de Cannibal man.
L'interdiction aux mineurs ne fut justifiée que par la séquence de drague dans la boîte gay où Anna parvient à lever un jeune éphèbe

-Et que ephèbe, UN ANGE!! qui succombera dans tous les sens du terme à ses charmes androgynes.
Malheureusement comme souvent tout au long du métrage, cette scéne est gachée par l'horripilante musique de Garvarentz, insupportable air d'opéra qui tente peut être de répondre aux symphonies Beethoviennes d'Orange mécanique mais qui ici indispose plus qu'autre chose.
Cette horrible partition musicale est heureusement contrecarrée par de magnifiques décors, fort colorés, les tons chauds et feutrés de la demeure d'Anna contrebalançant la froideur du mobilier futuriste Kubrickien et des installations hospitalières, De La Iglesia tentant même par moment un certain onirisme comme lors de la scéne suivant le meurtre d'une victime, où, dans sa longue nuisette blanche maculée de sang, Anna traverse son jardin au milieu des feuilles qui virevoltent.
C'est dans sa dernière partie que Le bal du vaudou parvient à réellement interesser lorsque le chantage de David va se retourner contre lui. On se passionne alors pour cette imbrication d’élèments dramatiques jusqu’au final où se dévoile enfin la cohérence du scénario.
Tous ces personnages stéréotypés sont alors vus sous un nouveau jour et prennent une certaine épaisseur non négligeable jusqu'alors absente. Anna n'est justement pas une simple psychopathe. Elle tue avant tout par compassion des être faibles, des laissés pour compte de cette société en ayant la conviction de leur apporter ce bonheur qu'ils ont vainement cherché durant leur vie.
C'est ainsi qu'elle assassine un jeune poliomyélitique, un mannequin pour sous-vêtements de type supermâle, grotesque et lamentable et enfin un jeune homosexuel qui n'accepte pas sa différence.
En tuant, Anna assure à ses victimes la libération des contraintes jusqu'à l'explosion de violence finale où elle montre enfin toute la sauvagerie qui avait en elle en enlevant la vie à David, victime de sa témèrité, désormais paralysé et sans défense sur son lit de souffrance face à cette meurtirière qui s'avère être par un horrible coup du sort son infirmière.
Una gota... atteint alors des sommets de pathétisme et de cruauté qu'on aurait voulu retrouver tout au long du film, le drame de cette jeune femme traumatisée prenant ici toute son ampleur.
En refusant la normalité, en accusant la psychiatrie d’être un instrument de répression sociale et morale, en exaltant le crime, De La Iglesia nous livre un peu maladroitement une sorte de plaidoyer pour le droit à l’identité et le droit à la différence.
Finalement, Le bal du vaudou qui bénéficie d'un superbe scope s’inscrit dans la lignée d’un cinéma de réflexion sensible au symbolisme, un cinéma contestataire et moderne contrairement au cinéma néo-gothique espagnol alors trés en vogue par le biais de personnalités comme Jacinto Molina.
On retrouvera l'ex-lolita de Kubrick la Lyon dans la peau de cette infirmière assassine, De La Iglesia faisant de nombreux clins d'oeil à ce rôle historique, notre Jean Sorel, habitué aux gialli italiens d'alors est un inquiètant psychiatre.
Quant à Chris Mitchum,

magnifique jeune Chris et sa frange rebele, il interpréte David, Chris avare en éloges sur ce film dont il garde un des plus mauvais souvenirs de tournage notamment sur la relation qu'il entretint avec le réalisateur... Chris qu'on pourra admirer en tenue d'Adam juste muni d'un cache-kiki!!
Orange mecanique jusqu'au bout de l'affiche anglaise
