The Brutalist - Brady Corbet (2024)

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Superwonderscope
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The Brutalist - Brady Corbet (2024)

Message par Superwonderscope »

L'architecte Laslzo Toth (Adrien Brody) fuit les persécutions hongroises et arrive aux USA, laissant sa femme, réchappée du camp de Dachau. Plongé dans la pauvreté post-guerre, sa vie reprend forme à la rencontre du milliardaire cyclothymique Van Buren (Guy Pearce) qui lui confie un projet.

Image


le réalisateur aura mis 7 ans pour faire ce film, rejeté par tous les grands studios. Sur le papier, cela a tout pour faire peur : qui aurait voulu d'un film de 3h35 tourné en VistaVision sur un architecte hongrois qui touche au rêve américain pour s'y briser?

C'est déroutant - et la durée n'y est pour rien. Un montage équilibré rend le récit fluide, riche. On suit cette odyssée américaine de manière fascinante. Le scénario reste d'une richesse thématique trop rare en ces temps courant. La notion de brutalisme ne s'applique pas ici seulement à l'architecture, mais aux sujet du rêve capitaliste et d'antisémitisme. Mais également aux soucis d'expérience d'assimilation immigrée. Qui se heurte à une certaine naïveté américaine sur l'expertise européenne et les centaines d'années de douleur et de tragédie infusée dans l'art et l'architecture.

Sur un budget ridicule pour le sujet (10 millions de $), le film réussit à se faire poser la question si l'on assiste à un biopic ou non. Toth n'a jamais existé mais Corbet s'est clairement inspiré de l'expérience de deux architectes hongrois pour les constructions. Les effets visuels sont discrets, principalement sur la construction du projet commandité par Van Buren. la mise en scène s'inspire directement de ces lignes brutes, des couleurs grises/bleues décrites par le projet même. Saisissant .

Il y a un souffle inespéré qui se créé, aussi due à la splendide photographie qui donne quelque chose d'organique à la projection. les thèmes brassés (bureaucrate obscure, addictions, sexualités contrariées...) s'y orchestres avec calme avant la tempête. Le récit se déroule avec une certaine amplitude, une vraie clarté qui fait sous-entendre quelque chose de sombre sur l'ensemble. Cela décrit aussi la brutalité (pas le brutalisme) des rapports humains, avec dialogues délivrés avec justesse (lorsque le fils Van Buren dit a Toth "vous êtes tolérés, ici"). Ce qui culmine avec le
Spoiler : :
le (les?) viol(s) de deux mâle sd famille Van Buren
. La scène de diner final est glaçante.

Il y a une intermission de 15mn, avec le décompte qui s'affiche à l'écran, et avec des morceaux de piano qui s'égrènent. C'est assez intéllgiement découpé deux trois segments, dont le troisième enfonce le clou des thèmes abordés.


Brody y est impérial.

Il y a une vraie cohérence entre sujet et mise en images, c'est très rare aujourd'hui.

je suis ressorti de la projection en ne sachant pas vraiment quoi en penser, si ce c'est d'avoir été dérouté. mais jamais ennuyé.
Ce matin, c'est sûr, c'est un grand film.

très recommandé.
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
dario carpenter
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Re: The Brutalist - Brady Corbet (2024)

Message par dario carpenter »

Curieux de voir ça même si la durée de 3h30 me fait un petit peu peur, en tout cas un beau rôle pour Adrien Brody apparemment, ça manquait depuis "Detachment" et "Le pianiste"! Et je viens de voir que Brady Corbet était l'excellent acteur du très beau mais très triste et douloureux "Mysterious skin".
Cosmodog
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Re: The Brutalist - Brady Corbet (2024)

Message par Cosmodog »

3h35 qui passent toutes seules grâce à un style/mise en scène originale percutant et un jeu d’acteur brillant. Sur ces points je ne vais pas paraphraser Superwonderscope, je le rejoins complètement. Guy Pearce m’a bluffé, vraiment excellent. Tout le cast en fait, Brody (acteur que je n’aime pas trop pourtant en général) est d’une authenticité incroyable.

C’est étonnant parce que le film captive rapidement sans vraiment que l’on sache pourquoi. On suit le destin d’Adrian Brody avec intérêt, bien que les enjeux semblent au premier abord limités.

Puis on se prend vraiment à vivre le projet de construction central du film de manière impliquante, de même que la (re)construction familiale menée de front.

Pour ma part hélas un élement de scénario que je trouve particulièrement grossier me sort de la véracité du récit.
ATTENTION GROS SPOIL !
Spoiler : :
Le viol de Brody par Guy Pearce
Je trouve ça mal amené, tout à fait en contradiction avec ce qui précède. Carrément ridicule même, à tel point que je me suis demandé si j’avais bien vu la chose en question. Puis la suite m’a prouvé que oui, ce qui m’a rendu très dubitatif. C’est vraiment dommage car à cet instant la métaphore prend le pas sur la rationalité du récit. Le propos est illustré frontalement, ce qui est en premier lieu un manque de finesse, mais également je trouve un artifice scénaristique qui vient combler une caractérisation défaillante. Ce qu’elle ne semble jamais être justement ! C’est là que le bât blesse.
Je poursuis en borne spoil:
Spoiler : :
C’est ici par cette scène de viol que Corbet illustre la soumission qu’impose le capitalisme, qui exploite jusqu’à l’os. Mais pour moi il n’en était rien auparavant. Alors oui, Pearce est un riche homme d’affaires. Il a des réflexes de patron autoritaire, de bourgeois imbu de sa grandeur «pour lui c’est comme faire sa cuisine » répète plusieurs fois la femme de Brody. Mais selon mois il nous est aussi présenté comme sensible à l’art, la beauté. Ses discussions avec Brody sont sincères et passionnées. Aussi je ne crois pas à cette extrémité - le viol- qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Un peu comme si Corbet ne savait plus comment exprimer son idée première et ne pouvait plus le faire qu’à travers un geste extrême de provocation, qui joue contre ses personnages. Il eût été plus fin de jouer éventuellement sur une notion de jalousie, l’argent ne donnant jamais le pouvoir de l’artiste, son aura, sa créativité, du moins pas autrement que par procuration. J’aurais mille fois préféré que Pearce lui casse la gueule. Pourquoi ce viol franchement ? Jamais il n’a été question d’une quelconque attirance physique . C’est juste une expression outrancière du pouvoir, hors de propos sur la forme.
Quel dommage cet élément grossier au sein d’un film si raffiné, même si certains thèmes sont un peu placés là au forceps
Spoiler : :
la drogue
J’ai tout de même bien aimé, pour tout le reste. Et pour tous les autres sujets traités avec élégance.
dario carpenter
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Re: The Brutalist - Brady Corbet (2024)

Message par dario carpenter »

Cosmodog a écrit : ven. févr. 14, 2025 1:25 amPour ma part hélas un élement de scénario que je trouve particulièrement grossier me sort de la véracité du récit.
ATTENTION GROS SPOIL !
Spoiler : :
Le viol de Brody par Guy Pearce
Je trouve ça mal amené, tout à fait en contradiction avec ce qui précède. Carrément ridicule même, à tel point que je me suis demandé si j’avais bien vu la chose en question. Puis la suite m’a prouvé que oui, ce qui m’a rendu très dubitatif. C’est vraiment dommage car à cet instant la métaphore prend le pas sur la rationalité du récit. Le propos est illustré frontalement, ce qui est en premier lieu un manque de finesse, mais également je trouve un artifice scénaristique qui vient combler une caractérisation défaillante. Ce qu’elle ne semble jamais être justement ! C’est là que le bât blesse.
Je poursuis en borne spoil:
Spoiler : :
C’est ici par cette scène de viol que Corbet illustre la soumission qu’impose le capitalisme, qui exploite jusqu’à l’os. Mais pour moi il n’en était rien auparavant. Alors oui, Pearce est un riche homme d’affaires. Il a des réflexes de patron autoritaire, de bourgeois imbu de sa grandeur «pour lui c’est comme faire sa cuisine » répète plusieurs fois la femme de Brody. Mais selon mois il nous est aussi présenté comme sensible à l’art, la beauté. Ses discussions avec Brody sont sincères et passionnées. Aussi je ne crois pas à cette extrémité - le viol- qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Un peu comme si Corbet ne savait plus comment exprimer son idée première et ne pouvait plus le faire qu’à travers un geste extrême de provocation, qui joue contre ses personnages. Il eût été plus fin de jouer éventuellement sur une notion de jalousie, l’argent ne donnant jamais le pouvoir de l’artiste, son aura, sa créativité, du moins pas autrement que par procuration. J’aurais mille fois préféré que Pearce lui casse la gueule. Pourquoi ce viol franchement ? Jamais il n’a été question d’une quelconque attirance physique . C’est juste une expression outrancière du pouvoir, hors de propos sur la forme.
Quel dommage cet élément grossier au sein d’un film si raffiné, même si certains thèmes sont un peu placés là au forceps
Spoiler : :
la drogue
D'accord avec ça, le film n'évite pas un coté démonstratif voire un certain misérabilisme, j'en ai un peu décroché dans la deuxième moitié du film alors que j'avais trouvé la première plutôt prenante. Je ne me suis pas spécialement ennuyé mais l'écriture m'a moyennement convaincu et je suis un peu perplexe sur la finalité du film. Il reste, sur la forme, quelques jolis cadrages sur l'architecture, le paysage, et le plaisir de retrouver Adrien Brody et Guy Pearce en têtes d'affiche dans un projet ambitieux.
Atomu
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Re: The Brutalist - Brady Corbet (2024)

Message par Atomu »

J'ai particulièrement apprécié l'interprétation, les 3 rôles principaux sont très chargés en bagage émotionnel.
Le premier acte est formidable, le second est beaucoup plus problématique. Le voyage en Italie tombe un peu comme un cheveux dans la soupe et le final sonne faux. Volontaire ou non, la filiation du personnage d'Adrien Brody avec celui du film de Roman Polanski ajoute une authenticité.
dario carpenter
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Re: The Brutalist - Brady Corbet (2024)

Message par dario carpenter »

Atomu a écrit : mar. mars 04, 2025 10:31 amLe premier acte est formidable, le second est beaucoup plus problématique. Le voyage en Italie tombe un peu comme un cheveux dans la soupe et le final sonne faux. Volontaire ou non, la filiation du personnage d'Adrien Brody avec celui du film de Roman Polanski ajoute une authenticité.
Je n'apprécie pas trop le cinéma de Polanski en général mais j'avais trouvé "le pianiste" et la prestation de Brody (qui est bon cela dit dans "the brutalist") plus forts et justes. Pour la scène en Italie de "the brutalist" bon au moins ça nous permet d'admirer quelques beaux plans :) , j'aurais aimé d'ailleurs que le film explore plus l'architecture, et ses significations pour le personnage, là il faut attendre le final explicatif qui en effet sonne faux, entre l'utilisation de la musique, les visuels (le maquillage de Brody) et le discours.
Atomu
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Re: The Brutalist - Brady Corbet (2024)

Message par Atomu »

J'ajouterai que je ne me suis pas ennuyé 1 seconde malgré les 3h.
La scène ou le personnage d'Adrien Brody retrouve son cousin m'a ému aux larmes... J'ai rarement vu une scène aussi émouvante et qui sonne vraie.
Oui, il y a de belles scènes en Italie mais presque toutes inutiles au récit.
La scène de la pièce de monnaie appuie la différence de statut et de classe sociale... elle est subtile et suffisait.
Un truc qui m'a gêné est que tout est faux, tout est inventé au contraire du film de Polanski.
Au final un beau film mais peut être mal dégrossi.
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