Marie Octobre - Julien Duvivier - 1959

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DPG
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Marie Octobre - Julien Duvivier - 1959

Message par DPG »

Des années après la Libération, neuf anciens résistants sont invités par Marie Octobre, directrice d'une maison de couture. Jadis leur réseau fut démantelé et leur chef Castille tué. Marie Octobre rappelle ce drame à ses compagnons et leur annonce que l'homme qui les avait trahi est en fait l'un d'eux. Ils vont devoir le trouver au cours de cette soirée.


Pitch assez prometteur, et casting qui l'est tout autant. Si on retrouve du lourd derrière la caméra avec Julien Duvivier à la real et Henri Jeanson aux dialogues, que dire alors des acteurs qui illuminent ce film. Danielle Darieux pour le role capital de Marie Octobre entourée ici d'une pleiade de comédiens : Paul Meurisse, Lino Ventura, Noel Roquevert, Bernard Blier, Robert Dalban, Serge Reggiani, .... :shock:


Et ma foi le film tient ses promesses ! On est bien pris en haleine durant les 90 minutes, on accuse tour à tour les uns et les autres, la tension monte, les points de vue contradictoires s'affrontent, dans une ambiance post-Liberation des vieux fantomes ressurgissent pour un whodunit assez efficace ! Magnifique direction d'acteurs et sobriété de la mise en scène sont les maitres mots d'un grand film du cinéma français de la fin d'une époque.

Vu sur le DVD René Chateau. Aucun bonus comme souvent, mais dispo pas cher, très belle image et son très correct.

En cherchant l'année du film sur IMDB, je constate qu'ils parlent d'une durée de 90 mn, et de 119mn en Allemagne ! Erreur de leur part ou version plus longue ? Quoiqu'il en soit le film ne m'a pas semblé coupé ou manquer d'élements ds la version que j'ai vu. A suivre si qqu'un (Fantomas ?) en sait plus.

En tout cas un très bon film, à mi chemin entre "Les dix petits nègres" et "12 hommes en colère" dans une tradition française qui a empilé bon nombre de classiques !

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milton arbogast
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Message par milton arbogast »

rien a redire, le film est en effet excellent et tient ses promesses de bout en bout.
Du travail solide, distribution parfaite, mise en scene au poil sur un scénario bien carré au dialogue toujours savoureux; bref le genre de cinéma que la nouvelle vague, truffaut en tête, a tué (histoire de ce faire une place au soleil); Duvivier étant avec Delanoy une de leurs plus notable bête noir, contre lequel ils developeront une férocité et un acharnement à nuire qui laisse pantois.
...résultat, 40 ans plus tard, mis a part la sainte trinité Truffaut-Godard-Chabrol, que reste-t-il de la nouvelle vague?
...Duvivier, lui pendant ce temps là, tient toujours très bien la route.
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Superwonderscope
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Re: Marie Octobre - Julien Duvivier - 1959

Message par Superwonderscope »

Merci Père Noël 2016 pour avoir déposé sous mon sapin le joli et impeccable Blu Ray Pathé! avec sa restauration en 4K.
Je gardais un assez bon souvenir du film, vu il y a des années.
Déjà, le Blu ray est superbe. Pas un pet de travers : son nettoyé, image limpide (bon, presque trop sur certains gros plans), mais un vrai bonheur sur les détails. 1H53 bien senties en noir et blanc.
il y a des sta, et stf

Pour le film... je suis un peu plus mitigé. Autant le travail de Duvivier est assez adroit sur le jeu des masques, des vérités cachés, de l'enfouissement de la culpabilité, du rapport ambigu des résistants avec l'occupant - autant sa mise en scène patapouffante et théâtrale met un peu l'ensemble par terre. Pour un huis-clos, c'est très pépère, peut-être trop. Même si la caméra bouge, on sent l'ensemble enlisé. L'utilisation de la musique est trop marquée années 40 et appuie lourdement les effets du genre "attention, suspense!" "ouhlala, révélation:".
Duvivier se repose entièrement sur les performances d'acteur pour dynamiser l'ensemble. La bonhommie de Frankeur en avant (très bonne idée que le match de catch vu en parallèle du déballement général), tout comme Jeane Fuiser-Gir bénéficient de dialogues brillants d'Henri jeanson. Le reste un peu l'avenant : habituel ventura grosse brute teneur de cabaret de strip tease, Roquevert revêche en inspecteur des impôts ou Meurisse distingué, Blier retors... j'ai quand même trouvé Danielle Darrieux pas très bien servie, avec un rôle franchement inintéressant, redressant la barre vers la fin quand le scénario s'intéresse vraiment à elle. Jeanson en profite malgré pour égratigner à peu près tout le monde (religion, fonctionnaire, résistance, collabos...) - tout le monde se prend une bastos bien sentie.
Je me souvenais du coupable donc côté suspens, c'était fichu:; mais j'ai vécu le film à rebours sur la construction des événements, les souvenirs qui font apparaitre une réalité autre que celle en mémoire/ Ca fonctionne toujours très bien, et je comprends un peu mieux l'énorme succès populaire (près de 2.6 millions d'entrées France) et les critiques acerbes des jeunes cons de la nouvelle vague.

Ca n'est pas un "grand suspense" comme les Diaboliques, mais le double retournement final vaut le détour.

Le F.A:
https://www.youtube.com/watch?v=ddAQGpw ... e=youtu.be
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
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Superwonderscope
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Re: Marie Octobre - Julien Duvivier - 1959

Message par Superwonderscope »

Revisitation sur le <Blu ray Pathé qui aurait bien besoin d'un petit coup de jeune, a la mise en perspective d'autres galettes vues entre temps. C'était bien en 2016 mais en 2025 , peut mieux faire.

En relisant mon texte de 2016, je me dis avoir été un peu expéditif. Je revois toujours le film avec un grand plaisir, et à la fois les acteurs dirigés au cordeau plus la mise en scene précise dans le déplacement des acteurs dans le cadre limite vaut le détour.
On sent clairement l'influence de 12 Hommes en Colere et ce cote tres statique du huis clos, trop théâtral a mon gout, ne me convient pas vraiment. On sent le métier de Duvivier sur les déplacement de camera, le fait de gagner de la profondeur du décor, le souci du detail et des éclairages. Les angles de plongee pour écraser les suspects et le coupable et de contre-plongee pour appuyer l'effet de domination des accusateurs.
Ca commence presque comme un avatar de Dix Petits Indiens, et si le suspense tient remarquablement jusqu'a la dernière image, il demeure evident que l'intérêt est ailleurs. Sur la critique des petits comportements bourgeois qui prennent le dessus sur l'héroïsme de la résistance, le désenchantement des résistants survivants en rentrant dans la vie post guerre, de pointer du doigt la collaboration intrinsèque de certains français - ce qui n'était peut être pas évident en 1959. Ce n'est pas aussi brutal que l'armée des Ombres (Meurisse et Ventura s'y retrouveront d'ailleurs) mais le discours est bien là.

Une fois de plus, je trouve Danielle Darrieux desservie par un rôle clé dépourvu de réelle tension - sauf dans le dernier quart ou elle a enfin quelque chose a jouer, et son rôle prend un vrai sens. Limo Ventura trouve un nième rôle de petite frappe violente du peuple. Jeanne Fusier-Gir, pas suffisamment célébrée a mon gout, trouve aussi un role a sa mesure dans le role de la gouvernante âgée a qui on ne la compte pas.Frankeur fait des merveilles en boucher du marche noir obsédé par le combat de catch qu'on voit par intermittence au milieu des joutes verbales de chacun.e. La camera adore faire détester Blier et Roquevert, mais c'est Paul Meurisse qui a retenu mon attention. On voit son jeu évoluer au gré des événements. Enjôleur, yeux plisses et tete em avant comme dans L'Oeil du Monocle, pour finir et ton plus grave. Le film ayant été tourné chronologiquement, cela a pu aider.

Malgré tout cela, c'est la troisième fois que je vois le film en 20 ans et c'est toujours ce meme clair de voir a quel point Duvivier sait créer la tension et d'envenimer tous les rapports humains, pointer les travers et la politique de montrer du doigt, signe de petitesse des français. Encore aujourd'hui. Un statut de classique qui est mérité, toujours pertinent et au suspense hyper réussi.

a voir aussi, le supplément qui apporte un éclairage pertinent sur le propos du film. On y voit Jeanson en roue libre sur Duvivieer (c'est assez drôle) et Danielle Darrieux qui semble en mode tête folle.

Le film fit 2 599 940 entrees en 9 ans d'exploitation. les copies disparurent jusqu'en 1989 avec une brève ressortie sur une semaine et ses derniers 633 spectateurs cinema.
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