

Lorsqu'en 1963, Pierre Boule, auteur également du "Pont de la Rivière Kwaï" dans sa version littéraire, fait éditer sa "Planète des Singes" en roman, se doutait-il de l'impact mondial qu'il allait avoir sur la science-fiction ?...
Célébrée par l'adaptation en 1968 de son roman devant la caméra de Frankin J. Schaffner, l'aventure incroyable de son cosmonaute échoué sur une planète dirigée par des singes parlants restera longtemps empreinte de cette première "PLANÈTE DES SINGES" sur laquelle s'est crashé le Moïse cinématographique Charlton Heston...
Plus de trente ans, quatre suites au succès phénoménal de la science-fiction ( dont la dernière scène n'aura pas été sans marquer des générations ), une série télévisée dérivée et un dessin animé plus tard, la Fox décide de remaker l'une des oeuvres majeures du cinéma, les effets spéciaux et techniques modernes devant permettre un incroyable réalisme dans la résurrection de ces macaques inelligents...
Film de studio et de commande, cette nouvelle "PLANÈTE DES SINGES" version 2001 sera donc confier aux bons soins du cinéaste de talent Tim Burton ( "BEETLEJUICE", "BATMAN" par deux fois ), qui d'abord refusera l'expérience en ne voulant pas refaire le film à l'identique sous un coup de neuf. Avant d'accepter lorsqu'on lui présentera ce projet comme une nouvelle version et re-lecture du mythe clairement transposé sur une autre planète :
En voulant récupérer le singe dont il a la surveillance perdu dans une tempête magnétique, un jeune cosmonaute américain est expédié des siècles dans le futur... sur une planète où des singes parlants dominent les hommes !!!
Et à l'instar du film original, cette nouvelle version moderne va livrer aux spectateurs ces terribles secrets, à la différence que plutôt de les prendre en pleine gueule comme la révélation finale découverte par Heston, ici des indices et les vérités qui suivent sont divulguées au fur et à mesure... telle un puzzle chronologique et évolutif...
Cosmonaute de l'aérospatiale américaine à bord du vaisseau Obreron et scientifique ( ?! ) ayant en charge d'apprendre à des chimpanzés ( modifiés génétiquement ), dont Péricles, à piloter leurs capsules d'exploration, le jeune Captain Leo Davidson, celui qui va vivre cette expérience sans pareille d'affronter des singes intelligents, sachant parler et supérieurs aux hommes, est interprêté par Mark Wahlberg ( "FEAR", "ROCKSTAR" ), qui n'aura sans doute pas trouvé là son meilleur rôle mais qui y laissera transparaître un jeu terne voire inexpressif...
Face à lui, se dresse sur ses deux pattes arrières ( et bottées ), le Général Thade, héritier d'un Sénateur respecté de tous - les origines de leur lignée remontant à un certain Semus, le Premier Singe d'où tout serait parti et leur supériorité sur des hommes aujourd'hui asservis en découlant bien sûr. Ambitieux, violent et menteur, Thade est l'incarnation de valeurs simiesques fortes de xénophobie qui ne veut pas voir les hommes devenir leurs égaux ( et encore moins leurs supérieurs ) et sous les poils du masque on peut reconnaître le talent de Tim Roth ( "FOUR ROOMS", "PULP FICTION" ) qui lui, par contre, trouve là l'un de ses meilleurs rôles



Et si dans cet univers ( cette re-lecture ), un seul singe ( chimpanzé, qui dans le scénario original devait être un gorille blanc en tant que militaire ) semble représenter et incarner la chasse à l'homme et un homme seul : Leo, celui tombé des cieux, comme dans le tout premier film ( de 1968 ), cet étranger se voit aidé et accompagné dans sa fuite non pas par deux chimpanzés mais une seule : Ari, fille gâtée d'un Sénateur mais surtout militante extrêmiste et active des Droits de l'Homme, que pourtant Thade convoite...
Restant tout aussi belle et attirante malgrè son faciès de chimpanzée ( non, je n'ai pas viré zoophile ), l'actrice Helena Bonham Carter ( "FIGHT CLUB", "FRANKENSTEIN" ) y est donc l'héritière de Zia ( et Cornelius à la fois ) qui prête à tout savoir n'en reste pas moins étrangement attirée par cet homme. Ne me dites pas que vous n'avez pas remarqué cet étrange jeu de séduction inter-raciale ou que vous n'attendiez pas ce baiser inévitablement échangé entre le héros et sa bienfaitrice ?



Complêtant son casting trois étoiles par la présence d'un Kris Kristofferson, sur le retour grâce à "BLADE", et la découverte du cintre Estella Warren ( "DRIVEN" ) du côté de ces humains d'apparence plus sauvages que leurs ancêtres de 1968 dans leurs peaux de bêtes pré-historiques mais qui, eux, savent encore parler ( tout de même !! ) et des mastondontes Michael Clarke Duncan ( "LA LIGNE VERTE" ) et Cary-Hiroyuki Tagawa ( "MORTAL KOMBAT" ) en gorilles s'affrontant aujouird'hui après avoir été élève et instructeur dans cette armée simiesque, Tim Burton parvient tout de même à se payer le luxe supplémentaire de boucler la boucle ( puisqu'il n'est question que de boucles à écouter ses commentaires ) en faisant interprêter le rôle du Sénateur de père de Thade se mourrant par... Charlton Heston ( "SOLEIL VERT" ) himself, qui en plus de tenir un discours paradoxal sur les armes à feu pour se représentant de la toute puissante NRA dans le monde réel ( SPOILER ) avoue surtout à son fils toute la vérité sur leurs existences ( SPOILER END ) quitte à faire exploser la colère ( dissimulant une peur fondée ? ) de ce dernier...
Fuite à travers une jungle luxuriante ( de Hawaï, si j'ai bien suivi ) et le désert rocailleux ( américain ) pour retrouver ses compagnons venus le chercher pour l'un, chasse à l'homme dans le but de rester les maîtres de ce monde pour l'autre, cette "PLANÈTE DES SINGES" version 2001 est aussi un discours sur l'Homme en général, nos interactions avec la nature et les espèces qui nous entourent ( les derniers singes terriens ne son-ils pas enfermés dans des zoos car l'homme a détruit leurs fôrets ? Voir une réponse de Leo ), notre destinée destructrice ( au-delà du discours de Charlton Heston, Leo répond encore une fois à Ari que l'homme est né pour détruire, un truc dans le genre ) et un message de paix et de tolérance loin de tout racisme primaire, que je vois dans ce long-mètrage traduit par cette volontée de différencier le singe de l'homme ou de la rabaisser ( sans oublier le racisme des singes eux-mêmes lorsque Leo traîte de macaque Ari, Attar et leurs congénères )...
Mais et au-delà d'une pseudo-philosophie, "LA PLANÈTE DES SINGES" de Tim Burton est à se regarder et déguster comme un sacrément bon divertissement, où les singes de cette planète ne se limitent plus à trois espèces - les civils chimpanzés en vert, les "scientifiques" orang-outangs en oranges et les gorilles dans leurs tenues noires de militaires - mais de nombreux autres qui comme dans toute civilisation ont leurs classes sociales ( moyennes et aisées peut-on distinguer dans le film ) et jouent tous les rôles - même si Thade est devenu d'un gorille blanc initial le chimpanzé que nous connaissons guidé par les peurs pour ces singes là de Tim Burton, suite à une expérience personnelle, il n'y est pas le seul militarisé



Aidé par des masques et effets spéciaux dûs au talent de Rick Baker ( "MEN IN BLACK", "GRINCH" ), connu pour son travail sur les singes dans des productions comme "GORILLES DANS LA BRUME" et "GREYSTOKE" par le passé, la réussite du film doit aussi beaucoup aux déplacements des singes plus primaires sur les quatre pattes ou/et bonds incroyablement spectaculaires et leurs forces animales qui ( me ) font oublier les acteurs sous des masques de 1968 ( et ce même si parmi eux il y avait ).
Se démarquant encore du film de 1968 - que trop de monde a pris pour singe-mêtre ( jeu de mots !! ) - par les habitations et l'architecture naturelle et sylvestre de la cité des singes, sorte de république romaine au bord de son déclin ( ?! ) où Thade va représenter la figure grecque tragique ( avec son ultime "soyez marquée comme les humains, si vous voulez être avec eux" des plus théatral ), cette nouvelle version réussie du ( même ) roman de Pierre Boule ( me ) fait encore oublier ses maisons rondes de boue sixties, qui ont marqué leurs habitants comme des schtroumpfs poilus...
Mêm si la lobotomie du film primaire de 1968 ont été remplacé par de simples marques au fer rouge, j'avoue que, oui, personnellement, j'ai aimé cette "PLANÈTE DES SINGES" 2001 qui a été une véritable odyssée de l'espèce ( quelqu'un l'avait déjà faite ?! ) respectant les paradoxes temporelles et qui ( me ) semble bien tout expliqué de l'évolution des singes au pourquoi du comment et du comment du pourquoi... Et ce jusqu'à la surprise finale longuement critiquée et qui est belle et ( bien ) celle que Tim Burton a tourné et uniquement tourné



Me souvenant de l'explication poétique d'un internaute sur je ne sais plus quel forum : ( SPOILER ) après avoir été confronté à une telle expérience, Leo est bien revenu sur Terre et ce n'est plus en hommes qu'il voit le monde mais bel et bien dans ces singes violents et destructeurs qu'est en fait la race humaine. Un truc dans le genre. Après, vous me direz "mais l'inscription en place de celle de Lincoln ?!!" ( SPOILER END ), une simple éventualité à une suite que Tim Burton ne réaliserait pas et qu'il a encore moins voulu expliquer dans les commentaires, jugeant les indices assez présents tout au long du film



Car comme je le disais plus haut, ce film n'est qu'un amoncelement d'indice pour mener à une fin point aussi percutante que celle de Schaffner mais qui aura néanmoins fait couler beaucoup d'encres et poster des rumeurs et infos plus folles les unes que les autres ( et je ne prétend pas que celle à laquelle je me rattache soit non plus des plus saines ). Une éternelle boucle comme le dirait le roi des menteurs et réalisateur du récent "BIG FISH"...
En ce qui concerne, je resterai sur un 4,5/6 en ce qui concerne cette version 2001 - et ce même après trois re-visions.
N.B. : Pas pour rien non plus, je pense, que ce film m'a marqué jusqu'à dans certains de mes rêves, où revenu à un état primitif, je cours et bondis à quatre pattes comme Thade et les siens



P.S. : si vous trouviez judicieux de faire un sondage dont j'imagine déjà le résultat sur les deux versions, faites-moi signe autrement que par des insultes, s'iouplé


