Dans les replis de la chair- 1970- S. Bergonzelli

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eric draven
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Dans les replis de la chair- 1970- S. Bergonzelli

Message par eric draven »

Mon cadeau morbido-trash de fin d'année :wink:

Giallo tourné en 1970 par Sergio Bergonzelli, Nelle pieghe della carne prend comme départ une citation de Freud donnant ainsi le titre au film, à savoir que tout ce qui s'est passé est ancré dans nos cerveaux, dans les replis de la chair et influe inconsciemment sur nos actions.

Séquence pré-génèrique: Un homme traqué par la police se réfugie dans le parc d'une propriété où une femme enterre un cadavre sous les cris nerveux et le regard carnassier de deux vautours et d'un petit garçon, impassible et complice. Images bleutées pour tension moite jusqu'à l'arrivée des policiers ignorant le drame venant arrêter le truand.

Dans les replis de la chair , giallo tortueux, va alors presenter une galerie de personnages féroces et névrosés, une famille d'apparence tranquille mais qui cache tous autant qu'ils sont un inavouable secret, une vérité, ces certitudes dont on se convaint mais qu'un rien vient ébranler.

Monté comme une pièce de théatre, le film nous présente un à un ces personnages étranges.
Dans l'acte 1, on se trouve projeté treize ans après la séquence pré-génèrique avec l'arrivée de Michel, cousin indésirable.
Bergonzelli en profite pour presenter toute la famille.

Il y a Colin le jeune neveu qui élève ses vautours qu'il couvre d'un étonnant amour et qu'il nourrit de viande humaine en visitant les cimetières.
Françoise la chatelaine qui a hérité du domaine à la mort de son père, Mr André, disparu en mer treize ans plus tot et qui collectionne les ossements humains.
Lucille, la gouvernante, est toujours là, rôdant telle la mort, surveillant, régnant sur le domaine et la famille comme si elle était la maîtresse des lieux, ombre menaçante, froide et mystérieuse.

Michel fouille, cherche sans s'apercevoir que Lucille l'observe dans l'ombre, tel un cerbère veillant férocement.
Lucille est le pivot de cette première partie jusqu'au moment où Françoise tue Michel sous ses yeux et ceux de Colin.
Françoise est alors assaillie par une foule d'images floues surgies d'un lointain passé. Plongeant dans un état second, elle semble sombrer dans la folie.

Des images d'une incroyable violence l'envahissent, une petite fille court et hurle puis tout s'arrête. Dés lors, le film prend une autre tournure, Françoise va occuper le devant de la scène. Tout va alors tourner autour de sa schizophrénie, feinte ou non. Acte 2

Quel lien unit donc Lucille et Francoise? Le film glisse vers l'horreur indicible.
La famille se montre diabolique. Lucille et Colin prennent un malin plaisir à faire disparaître les corps en les plongeant dans des bains d'acide bouillonnant et de transformer leurs os en savon ce qui nous vaut quelques plans gore fort réjouissants de têtes décomposées surnageant dans les bains ou de globes occulaires remontant à la surface.

On pense à Blue holocaust en voyant de telles scènes. Les bains d'acide, les cadavres décomposés, les macabres besognes des deux personnages, leur fascination pour la mort sont autant de similitudes avec le film de Joe d'Amato.
Comment ne pas penser également à Iris, la gouvernante de Blue holocaust en voyant Lucille qui pourrait être sa soeur jumelle.

Arrivée d' Alex, l'ami de Michel, et le film prend une tournure encore plus malsaine où l'érotisme et la séduction ont un rôle important.
Françoise est vite attirée par Alex. Bergonzelli joue la carte de l'ambiguité. A aucun moment on ne sait s'il s'agit d'un jeu diabolique, pervers et malsain, puisque Françoise n'hésite pas à se donner, obscène, à son jeune neveu devant les yeux d'un Alex excité et d'une Lucille impassible mais de plus en plus torturée, au son d'une bande enregistrée par le défunt chatelain sussurrant d'érotiques propos.

On plonge dans la perversité, on frise l'inceste. Francoise veut poignarder Alex mais l'amant a le temps de lui arracher et son arme et sa perruque qui dissimulait son vraie visage.
Tête nue, elle sombre dans l'hystérie et se revoit enfant en train de se faire violer par son père qu'elle finit par décapiter. Image qui se confond avec la réalité puisque Lucille vient de trancher la tête d'Alex à l'aide d'un sabre.
Bergonzelli en profite pour nous offrir en détail de belles images où glauque et gore se marient parfaitement dans un climat oppressant de folie commune.

Et voilà le retour de Pascal, l'évadé qui fut témoin des agissements de Lucille treize années auparavant, bien décidé à élucider le mystère et deterrer le corps. L'arrivée du truand va donner du fil à retordre à la famille. Mais si cadavre il n'y a plus bien entendu, Lucille et Colin eux trouveront le point faible de Pascal qui finira asphyxié dans la baignoire par des vapeurs de cyanure, les mêmes souffrances qu'endura la mère de Lucille déportée par les nazis durant la guerre.
Cette mort, Lucille en fut témoin et en garda toujours un souvenir obsédant que Bergonzelli nous fait partager grace à un flash back douloureux.

L'hallucination monte encore d'un cran avec l'arrivée de Mr André qu'on croyait mort depuis toutes ces années. Il aurait fui et se serait caché pour protéger sa famille d'un chantage et revient aujourd'hui pour remettre un peu d'ordre dans toute cette anarchie, une petite opération de chirurgie esthétique lui ayant donné un nouveau visage!

Tout devient énorme mais est ce pour cela qu'on marche? Bergonzelli a ouvert tant de portes qu'on veut absolumment savoir ce qui se cache derrière l'ultime.
On a du mal à croire à tout ça, tout se transforme en une gigantesque farce, un vaudeville macabre et grotesque mais le jeu est devenu amusant et c'est avec impatience qu'on attend le dénouement pour voir jusqu'où les scénaristes sont allés ds la démence.

Mr André, grand imposteur devant l'Eternel, et grâce à sa forte intelligence fera enfin toute la lumière sur cette étrange famille par l'intermédiaire d'Esther, belle jeune fille sortie d'un asile où elle était enfermée depuis Ô coincidence treize ans!

Sans dévoiler la fin qui ferait perdre au film tout mystère et suspens, il faudra toute notre attention pour ne pas se perdre dans ce dédale d'explication et l'incroyable machination organisée par ces personnages qui ne savaient même pas qui ils étaient en vérité.

Toute la force du film et de son dénouement réside justement dans cette totale ignorance. Le mot vérité prend içi toute son ampleur. Lorsque l'intelligence et la force de persuasion d'un esprit parviennent à substituer les personnalités si ce n'est les personnes elles mêmes, tout devient illusion et mascarade.

Le grandiloquent final saura tout remettre en place en nous offrant son lot de scènes chocs, telle la découverte de la tête de Mr André dissimulée au fond d'un vase au beau milieu du salon depuis tant d'années, funeste relique, témoin des agissements de sa famille désaxée!

Sergio Bergonzelli délivre une oeuvre certes passionnante mais qui pourtant souffre de son scénario à rebondissements multiples, le rendant trop incohérent et surtout grotesque à force d'en rajouter.
Cette surenchère de situations détonnantes lui font perdre non seulement de sa force mais surtout de sa crédibilité essentiellement dans sa partie finale.
A force d'en rajouter, Bergonzelli gâche sa besogne qui avait tous les atouts pour frôler le joyau du giallo macabre!

Original dans son montage théatral, correctement filmé et photographié, distillant de réels moments macabres mâtinés de gore, Dans les replis de la chair nous fait retrouver quelques bons vieux acteurs du ciné italien d'alors avec en tête Eleonara Rossi Drago et Anna-Maria Pierangeli.

Une curiosité abracadabrante à découvrir, un Bergonzelli est tjs à voir..

Petit giallo que je dédicace a notre ami Nico la grenouille.. :wink:
Modifié en dernier par eric draven le lun. juil. 02, 2007 1:33 pm, modifié 1 fois.
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SamReVolt
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Message par SamReVolt »

Toi tu vas finir au Musée Grévin si tu continues. 8)
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Kerozene
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Message par Kerozene »

Humpf :shock:

J'ai pas l'impression d'avoir vu le même film. Non pas qu'il soit mauvais, mais il pisse pas bien loin, la faute principalement à un scénario confus et une mise en scène mollassone et peu inspirée. Je n'ai aucun souvenir de scènes violentes... Les seules images qui me sont restées sont celles d'incessants bavardages n'apportant rien à personne. Faudrait peut-être que je le revois, mais avoue quand même que tu as enjoliver tout ça de manière un petit peu exagérée, chose tout à fait normale et compréhensible du à ton enthousiasme. :D
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fantomas 2
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peut-être...

Message par fantomas 2 »

Il y a une autre possibilité, Kérozène, c'est que le film ait été présenté autrefois, comme beaucoup de films italiens, dans une version totalement censurée, même en vidéo...
Je suis comme toi, je ne me souviens absolument pas de scènes gore, et je n'ai pas revu le film depuis, mais il suffit de penser aux malheureux qui ont découvert (par exemple) "The Living Dead at the Manchester Morgue" dans la copie effroyablement mutilée qui était sortie en France, après son triomphe (mais devant un public limité par le nombre de places) au Palais des Congrès ou "L'Ecran Fantastique" l'avait présenté... Ou encore "Massacre à la tronçonneuse", "L'enfer des zombies", "Frayeurs", "Mad Max", etc. etc. etc.
Si notre ami n'a pas trop picolé lors du réveillon, et que sa description du film soit exacte, alors il faut le redécouvrir d'urgence (le film, pas l'ami...), sans tenir trop compte des petits défauts par ailleurs. Donnons-lui une chance!
Kerozene
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Message par Kerozene »

Effectivement... Je lui redonnerai un coup d'oeil à l'avenir.
Draven, sais tu d'où provient (quelle édition) la copie que tu as vues ?

Pour le plaisir, voici l'incroyable jaquette de l'édition française :

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Superwonderscope
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Message par Superwonderscope »

§£ yargh. tout pareil que Kero. Ca enjolive au tempo du tuning ici :D ou comment transformer une R5 pourrie aux rayures rouille sport en Combi Volkswagen tendance Coupé Z3 savoyard :D

Plus sérieusement, le film est tout d'abord très laid à voir. Bergonzelli est certes un artisan bis respectable mais, à l'instar d'Alfonso Brescia, a rarement été capable de donner un film potable (peut etre à peine celui-là et d'autres pour les stricts amateurs de cochoncetés 70's).

Il a pris en marche le train du Giallo et a cru bon de forcer la dose pour se démarquer du reste. mais bon, l'absence de moyens, l'absence de réel scénario digne de ce nom et de talent de metteur en scène font du film un bis un peu fumeux mais qui, franchement,n'atteint vraiment pas le minimum syndical, loin s'en faut. Ce n'est pas en frolant des sujets subversifs qu'on donne des lettres de noblesse à un genre ou qu'on atteint un nouveau palier de l'abordable. C'est strictement conforme à ce que le genre a donné (famille perverse où se niche les plus affreux secrets, aristocratie pourrie, rebondissements...) sauf que c'est assez mal fait.

le point de départ était pourtant intéressant.

Tu le dis bien mon dravenou, c'est incohérent mais j'étais surtout désolé pour les deux actrices principales, de les voir se débattre mollement dans une bouillie qui ne les intéresse pas trop (et ça se voit).
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
eric draven
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Message par eric draven »

Superwonderscope a écrit :Ca enjolive au tempo du tuning ici :D ou comment transformer une R5 pourrie aux rayures rouille sport en Combi Volkswagen tendance Coupé Z3 savoyard :D
:lol: :lol: :lol: MDR!!!
Plus serieux... voila qui est étonnant et je jure ne pas avoir picolé ni abusé de salades oceanes.. :lol:

La version que je possède de pietre qualité contient bel et bien les séquences gore dt je parle:
De memoire car je n'ai pas revisionné le film avt d'ecrire le thread: une belle décapitation au sabre, une tête gardée au fond d'un vase, les globes oculaires et autres ossements remontant a la surface des bains d'acide facon Blue Holocaust, la scene de flash back où on voit les nazis gazer la mere de Lucille devant ses yeux de gamine... pour ce qui me revient en tête.
Par contre, les vautours nourrit à la viande humaine.
Je verifierai le metrage de ma VHS, le film dure 88mn je crois ds sa vF.
C certes pas du gore facon 80s a la Fulci mais sobre et efficace pour un giallo de 70.

Les personnages sont tous autant qu'ils sont nevrosés, bourgeoisie pourrissante et croulant de secrets.. recurrent au giallo cela..

C ce coté nevrosé et completement fou qui m'a séduit, cet aspect macabre egalement.. certes la réalisation est plate mais j'ai tjs eu un faible pour Bergonzelli et ses univers craspec rempli de cochoncetés.

Par contre, comme je le dis le film sombre assez vite ds le grotesque et la plus grde incoherence.. transformant ce giallo en vaudeville comico-macabre. Et ce qui devient drole c de voir ce que les scenaristes vont inventer au fil de l'histoire, jusqu'ou ils vont aller ds l'absurde.. La curiosité pique et j'ai fonctionné a fond!!

Bavard certes, mais je trouve les dialogues justement piquants

Pour l'edition que j'ai, Kero, je ne sais pas, c une copie qu'on m'a filé il y a qques années et il n'y a aucune precision qt à l'editeur..
Et j'ignore s"il existe plusieurs versions en France..

L'affiche espagnole:

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eric draven
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Message par eric draven »

Petit cadeau pour les admirateurs de Anna Maria Pierangeli et Eleonara Drago-rossi:

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