Pardon pour le cours de philoeric draven a écrit :On ne va pas tergiverser sur le Beau, Eric s'est cru en cours magistral de philo.. contentons nous de parler du film dont comme mon ami Jeremieje voulais faire un topic depuis longtemps.. Voilà l'occasion.
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Point étonnant DPG que tu gardes le souvenir d'un film pesant car voir ce film a l'école a 13 /14 ans, ce n'est pas du tout l'idéal.. revois le aujourd'hui avec tes yeux d'adultes.
On retrouve dans Cria Cuervos tout l'univers de Saura, univers auquel on peut être totalement hermétique et trouver particulièrement ennuyeux. Cria cuervos ne fait pas exception.
Ana a 8 ans, une petite soeur et une soeur ainée. Leur mère est morte, leur père également alors qu'il faisait l'amour à sa maitresse. C'est leur tante qui s'occupe d'elles ainsi que de leur grand-mère paralysée. Ana ne sourit jamais. Elle vit dans un monde imaginaire ou réel, peuplé de rêves, de souvenirs eux aussi veritables ou imaginaires. Elle pense aussi avoir le pouvoir sur la vie et la mort, n'hesitant pas à s'en servir. C'est à travers une Ana jeune femme, projection du futur, qui raconte Ana enfant qu'on suit le film...
Cria curvos est un fillm entièrement dédié à la mort. Tout le film en est imprégné: la mort atroce d'une mère malade et bafouée, battue qui a finalement renoncé à elle-même, mort du père alors qu'il fait l'amour à sa grotesque maitresse, mort interieure de la tante qui renonce a son bonheur, sa vie pour s'occuper corps et âme des enfants orphelins, mort cataleptique de la grand-mère qui vit clouée dans son fauteuil accrochée à ses souvenirs mais qui reste etrangement la plus proche d'Ana.
Et il y a Ana, fllette de 8 ans, fragile silhouette aux yeux charbon et fixes où rien ne se reflète. Elle est là, omni-présente, ombre qui voit tout, enregistre. Elle est la personnification du malheur, celui d'une enfance ravagée, etouffée par la faute des adultes tous pitoyables et cruels. Ana a tout vu: la mort, la souffrance, la misère, le mensonge, l'humiliation. Tant et si bien qu'au delà de sa sensibilité elle est persuadée que la mort n'est q'un passage, une transition vers un ailleurs, un passage dont elle pense avoir le secret, une delivrance contre l'horreur de la vie.
Cria cuervos est un drame existentiel, monotone, triste, baignant dans un quotidien sordide, d'une routine ronronnante: toilette, repas, jeux, rêves et cauchemars où tout y est different puisque cette mère adorée est vivante.!

Cette relecture du film me fait en partie penser au également très "bel" "Incompris" de Comencini (sans le contexte historique, évidemment).