
Le jour où j'ai eu envie que l'Arctique disparaisse
Des ours blancs. Des crabes. Des boeufs musqués. Des mouettes. Des phoques. De la glace, beaucoup de glace. Des caméras. Derrière, des mecs qui se les gèlent. Des morses. Des baleines. De l'eau, beaucoup d'eau. Des caribous. Des pieuvres. Des bâillements, beaucoup de bâillements. Car au bout du compte, La Planète blanche donne l'impression de tout miser sur le registre de l'émotion sans s'en donner les moyens. Pour quelques images d'une beauté absolue, il faut compter des séquences entières d'un intérêt très relatif. Quand Cousteau a révolutionné le registre du documentaire animalier en donnant un petit nom à un mérou - le fameux Jojo le mérou dans Le Monde du Silence primé à Cannes en 1956 - il ne savait sans doute pas que les décennies suivantes verraient les animaux du monde entier passer au rang de personnages à part entière devant des caméras de plus en plus perfectionnées et conçues pour affronter les conditions les plus hostiles. Thierry Ragobert et Thierry Piantanida ont passé des mois sur la banquise et dans la toundra pour magnifier ces petites et grosses bêtes qui n'ont rien demander à l'homme. Ils ont aussi mis les petits plats dans les grands pour rapprocher celles-ci, sur les plans physique et émotionnel, des spectateurs déjà fans des empereurs. Le plus souvent en vain. Et quand le narrateur s'inquiète au terme d'un supplice long d'1h26 de la disparation progressive de l'Arctique, cause indirecte de l'égoïsme d'une l'humanité absente de ces grands espaces, je n'ai eu envie que d'une chose : qu'on en finisse au plus vite, que les ours polaires se noient, que les glaciers fondent et qu'on n'en parle plus.