Profession Reporter - 1974 - Michaelangelo Antonioni

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Manolito
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Profession Reporter - 1974 - Michaelangelo Antonioni

Message par Manolito »

Titre italien : Professione: reporter

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David Locke, un journaliste anglais, se perd dans le désert alors qu'il prépare un documentaire en afrique saharienne. Il trouve refuge dans l'hôtel d'une petite ville où il rencontre Robertson, un homme d'affaire anglais. Celui-ci meurt une nuit, et Locke décide de trafiquer leurs passeports afin de se faire passer pour lé défunt et de faire croire à sa propre mort...

Durant les années 60, Antonioni, c'est le top de la hype ! Illustrateur du mal-être de la jet set, inventeur d'un langage cinématographique très particulier, proposant des portraits du swinging london (Blow Up) ou de la génération hippie (Zabriskie Point).

Au début des années 70, il fait pourtant un break en tournant un documentaire en Chine. Puis il revient en 1974 avec "Profession Reporter" interprété par Jack Nicholson - pas encore une star, mais très près de le devenir avec "Chinatown" et "Le facteur sonne toujours deux fois" - et Maria Schneider, révélée par "Le dernier tango à Paris".

Le film est devenu fort rare dans les années 90, mais il a récemment refait surface au gré d'une réédition en salles dans divers pays, organisée par Sony Classic. Cette semaine, il ressort à paris, notamment au Max Linder. Et c'est à l'évidence une chance de pouvoir le découvrir dans ces conditions. Le film vaut en effet surtout pour la splendeur de ces images, pour la photographie parfaite de Luciano Tovoli qui capte de superbes extérieurs africains et espagnols avec une rare virtuosité. Après, bon, c'est de l'Antonioni un peu paresseux.

C'est beau, il y a un sens de l'errance et de la nonchalance qu'on retrouvera dans des road movie de Wenders ou de Jarmush par exemple. Maintenant, le propos du film lui-même n'occupe guère trop de place dans le métrage : pourquoi David Locke veut-il renoncer à son métier de reporter ? Des explications intéressantes et intelligentes sont données, mais elles ne sont pas très développées. Dommage. Schneider, curieusement relativement moche dans ce film, joue fort mal et son personnage n'est pas très bien amené.

Bon, un film qui vaut pour une réelle beauté des images, et son célèbre avant-dernier-plan, sublime non seulement pour le tour de force technique qu'il représente, mais aussi par son intensité très impressionnante. Pourtant "Profesison Reporter" était aussi un peu le début de la fin pour Antonioni...
eric draven
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Message par eric draven »

Thread qui m'avait échappé, vite Eric arrive quand d'Antonioni nous parlons!

A la sortie de fim en 74, Antonioni déclarait que ce film était son film le plus abouti sur le plan stylistique, film qu'il qualifiait de politique puisqu'il tentait d'étudier les rapports que l'homme entretient avec.

Ce qu'on retient déjà de Profession: reporter / The passenger c'est tout d'abord sa beauté, une beauté indéniable, etonnante, des décors et des lieux que le réalisateur magnifie. Antonioni l'avouait lui même, il aime et connait le désert et on pense inévitablement à Zabriskie point et ses plans à la limite du sublime. The passenger est un voyage au coeur de l'esthetisme dans toute sa plenitude. Regarder ce film c'est tout d'abord le plaisir de "voir", "admirer". L'afrique, le désert, Barcelone, le palais de Guelle...

C'est aussi les prouesses techniques et surtout le dernier plan séquence pour un film qui n'est autre que l'aventure de david, un homme insatisfait de la vie qui part à la quête de sa propre mort, savoir qui est le veritable David tant intellectuellement qu'interieurement mais tout cela sans la moindre émotion. C'est parallèlement la quête de sa femme qui découvre trop tard un david qu'elle ne connaissait pas et le mépris qu'elle avait pour lui se transforme en une quête de vérité et de curiosité.

The passenger est un film intellectuel hautement cérébral et interieur, peut être le plus cérébral qu'est tourné Antonioni d'où parfois cette sensation d'être quelque peu perdu dans la quête de chacun.
Un savoir-faire cinématographique impressionnant pour un film d'une beauté esthetique sans pareil et dénué de toute emotion.

Au casting, aux cotés de Nicholson, on retrouve la Schneider sorti du scandale du Dernier tango à Paris et sa belle sodomie beurrée et Ambroise Bria, un des héros la même année de l'adaptation franco-espagnole de L'ile mysterieuse de Jules Verne par les frères Bardem avec Omar Shariff.
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.

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manuma
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Message par manuma »

Enfin vu. Déjà je me suis fait un peu surprendre. Je mattendais à quelque chose de beaucoup plus contemplatif. Je trouve la première heure plutôt enlevée niveau rythme. On est plongé dans un suspense de politique-fiction très particulier, du genre introspectif. Et puis Antonioni se laisse gagner par la torpeur du sud de l'Espagne mais, pour moi, cette seconde partie demeure tout aussi passionnante. D'autant que si le rythme est lent et les dialogues dès lors un peu pompeux, il nous reste tout de même la photo de Tovoli, de toute beauté, et la mise en scène virtuose d'Antonioni, avec plein de plans et de séquences (voire de plan-séquences) magistralement orchestrés (la scène à Barcelone dans laquelle Schneider sème Ian Hendry, le passage de l'embryon de poursuite avec les flics à la sortie d'Almeria). Et la dernière séquence laisse effectivement sur le cul (je ne suis pas doué là dedans, ni très observateur ... mais j'imagine qu'il doit y avoir quelques raccords par ci par là).

En revanche, comme Manolito, je n'ai pas été très convaincu par la prestation de Maria Schneider et sa diction Rohmerienne. On a l'impression qu'elle est un peu ailleurs par moment. Vu sur TCM, dans une copie correcte. J'imagine qu'au cinéma le film devait avoir une autre gueule ...
comte vonkrolock
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Re: Profession Reporter - 1974 - Michaelangelo Antonioni

Message par comte vonkrolock »

En effet un film qui si ont si laisse prendre, est d'une belle errance. Avec un Jack Nicholson au top de cette période (Chinatown, Vol au Dessus d'un Nid de Coucou...).
S'est contemplatif tout du moins dans sa dernière heure, mais rien que pour le plan séquence final (expliquer dans les bonus du BR) qui à l'époque fut un véritable tour de force technique en phase avec le l'histoire de ce journaliste. J'avais beaucoup apprécier Blow Out et j'ai été quasi tout autant bluffé par celui-ci. Ce mélange entre le documentaire et le thriller d'ambiance :-D 8)

La qualité technique du BR sortie par Carlotta y aura été certainement pour beaucoup dans se visionnage.

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Un peut comme sur le film de Joseph Losey (Deux Hommes en Fuite) sortie par Carlotta, le rendu HD est à la hauteur de se genre de petite perle noire du cinéma croisement entre plusieurs genre.
Toi t'est un flic..? Non j'uis un con. :D
Snake Plisken Escape from NY
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