L'histoire n'est pas fracassante mais les personnages sont là, on souffre pour eux, et le charisme de Bronson fait des merveilles.
Le film sera plus tard remaké avec FULL CONTACT, qui reprendra jusqu'au "coup de poing dans les couilles" de Bronson.
LES GUERRIERS DE LA NUIT : réalisé en 1979, le film illustre à merveille le passage de flambeau entre les années 70 et les années 80, et les "quartiers chauds" telle que l'imagination collective fantasmait le Bronx ou Harlem à l'époque : des ghettos où la nuit plane constamment, dirigés par les gangs (dans le film, on ne voit pratiquement aucun citoyen "normal" ; seulement des flics ou des gangsters) et où la police n'a pas droit ce citer. BANLIEUE 13 avant l'heure !

Dès l'introduction, Hill parvient à nous faire pénétrer dans son univers et à nous attacher au parcours des "Warriors", un gang improbable multiéthnique. Là encore, le film nous conduit d'un point A vers un point B à la façon d'un jeu vidéo, où les Warriors sont amenés à traverser des quartiers tenus par les gangs (tout le monde ici sait pourquoi, je présume).
On a rarement filmé de cette façon des décors urbains nocturnes : par quelques plans, quelques mouvements de caméra, Hill nous balance en plein milieu de son terrain de jeu (l'apparition des Baseball Furies !). On se prend vite au jeu, à s'interroger sur la prochaine menace qui tombera sur le nez de nos Warriors.
Heureusement, et il est rare qu'un producteur ait une si bonne influence sur un film, la production empêcha Hill de donner un aspect moins réaliste et plus comic-book à son film, ce qui aurait eu pour effet d'atténuer sa violence (déjà pas bien folichonne).
Côté casting, on retiendra l'excellente composition de personnage de Swan et de la fille qui l'accompagne (dsl j'ai pas les noms), bcp trop rares sur les écrans. On retiendra aussi quelques scènes bien senties, qui élèvent le film au-delà du simple divertissement (la fille observant, envieuse, une jeune mariée dans le métro ; Swan déclarant, en voyant son quartier : "Et c'est pour retrouver ça qu'on s'est battus toute la nuit...")
48 HEURES : premier buddy-movie généré par Hollywood. Curieusement, on a souvent l'image d'une comédie en évoquant ce film, alors qu'il n'a rien de drôle en dehors du numéro d'Eddie Murphy : 48 HEURES est bel et bien un polar hard boiled, et à aucun moment les 2 héros ne s'échangent de clins d'oeil complices ! Le film fonctionne parfaitement sur le décalage des 2, suivant une atmosphère dure et virile chère à Hill.
LES RUES DE FEU : Hill réalise le comic-book en live qu'il aurait voulu tourner avec LES GUERRIERS DE LA NUIT. Là encore, nous avons la curieuse impression de voir en direct l'adaptation d'un jeu vidéo de baston... Tous les codes sont là. L'histoire ne casse pas des briques, mais les répliques cultes fusent et le film recèle un potentiel fun sans limite

Cerise sur le gâteau : on retrouve l'actrice des GUERRIERS DE LA NUIT.
DOUBLE DETENTE : petit plaisir coupable. Un film qui se laisse voir et revoir à l'infini, sans qu'on ose trop l'avouer. Ici aussi, nous avons droit au choc des cultures, mais sur un background de guerre froide. Pour l'anecdote, à l'époque, en voyant l'affiche, je pensais que Schwarzy était l'Américain

Hill joue à fond avec l'aspect cul serré et le jeu limité de Schwarzy pour en faire un officier du Kremlin aux méthodes musclées. Le bonhomme va droit au but : pas besoin de cacher de la drogue sur un suspect pour lui faire avouer, ça ira plus vite de lui péter le bras !
Formellement, le film est bien torché, que ce soit dans sa séquence d'intro émoustillante (parfois crypto-gay) ou son final avec le bus. Les décalages culturels font toujours mouche (le porno à la télé : "capitalisme !")
Pour le reste, j'avoue que j'ai un peu perdu de vue la carrière du monsieur depuis.
Pour résumer : du cinéma burné, pas forcément profond (c'est pas du Welles, c'est sûr) mais toujours honnête, cadré, jamais influencé par les modes (sur la forme : c'est-à-dire que Hill sait où poser sa caméra pour filmer l'action, sans avoir à créer l'action au montage). Du cinéma devenu trop rare.