The Gypsy Moths / Les Parachutistes arrivent - John Frankenheimer (1969)

[Superwonderscope]

VF : les Parachutistes arrivent.



Vu sur le DVD Z1 de chez Warner. 1.85:1, vo anglaise sur un canal, compression médiocre, st français avec une featurette d'époque.

avec Burt Lancaster, Gene Hackman, Deborah Kerr, Scott Wilson, Bonnie Bedelia, William Windom, Sheree North.

Un nouveau choc made in Frankenheimer

Il tente de recréér pour le monde des parachutistes ce qu'il a fait pour Grand prix & les courses automobiles. Mais il s'agit plus d'un drame humain sur les occasions manquées plus qu'un film d'action.

Lancaster/Hackman/Wilson sont trois parachutistes faisant des shows aériens et tentant un peu plus de donner dans le spectaculaire. Leur vie est inversement proportionnelle. sur les routes, sans attache. Ils arrivent à Bridgeville où habite la tante de Scott Wilson (D.Kerr). Leur représentation aérienne la veille de la fete nationale va nouer intrigues & drames qui changeront leur vie.

Les scènes aériennes sont absolument époustoufflantes. On EST en plein vol avec les parachutistes, c'est saisissant!

Pour le côté dramatique, on est en plein monde adulte. Frankenheimer ne prend son spectateur pour un imbécile et n'y va pas par quatre chemins. Il rentre dans le lard de chacun des personnages et n'épargne personne.

Entre la vie bourgeoise du couple Kerr/Windom au bord de l'ennui se greffe la liberté totale du groupe de 3. Chacun en payant le prix fort. La mise en scène est brute, limite brutale dans les scènes d'exposition. La complexité de leurs relations ne se mettant à nu que progressivement, le récit devient rapidement tendu, mettant en avant blessures & contradictions.

Gene Hackman, le commercial et tête brûlée aux yeux de tous, est en fait un angoissé de nature qui tourve son salut en allant à l'église le dimanche matin après s'etre payé une strip teaseuse ((S.North)la veille.

Lancaster met en avant sa liberté mais sa nuit d'amour avec D.Kerr (que l'on voit nue, une incroyable surprise!)le laisse surtout désemparé car il rélaise son besoin d'etre avec quelqu'un.
Wilson est le jeune en crise d'insécurité et à la recherche d'un père de substitution (Lancaster)

Plans remarquables, suspens croissant, partition d'Elmer Bernstein brillante avec des points d'orgue comme

SPOILER

la scène où Burt Lancaster s'écrase est bluffante!

END SPOILER

mais également le final, entre spectaculaire et désenchantement. Tout ceci fait de ces Gypsy Moths une oeuvre radicalement adulte. Crépusculaire, drame humaniste et terriblement sombre. Un grand film!

NB : il y aurait eu info que le film ressortrait dans une nouvelle édition Z1 en 2 DVD? C ene serait pas un mal car entre le mono 1 canal qui souffle , la compression moche sans parler du rendu des couleurs médiocre... on peut certes trouver ce Z1 à petit prix (trouvé à la FNAC ROUEN pour 7,99 €)

NB 2 : si le film étonne de par la nature frontale du traitement du sujet (visuellement, on a droit pour un film de studio en 1969 quand même à des scènes de strip-tease avec Sheree North, la poitrine de Deborah Kerr et furtivement celle de Bonnie Bedelia, son premier role au cinéma), il y a une scène où au début du film un barman dort avec une revue qu'on devine olé-olé... et la couverture de la reve a été rendue délibérement floue sur l'édition DVD Z1

[manuma]

Un film passionnant en effet, d'une grande richesse et finesse, que le cinéaste avoue sur le commentaire audio du film placer, en terme de préférence personnelle, à la seconde ou troisième place de la longue liste - près de 190 titres - de ses réalisations TV et ciné.

Les séquences de parachutisme sont spectaculaires, p't-être bien les plus belles que j'ai vu dans un film avec celles de Point Break, et les scènes intimistes poignantes, d'une intensité rare, en particulier toutes les causeries en apparence anodines entre le trio de parachutistes et leurs hôtes, dans lesquelles passent énormément de petites choses nous dévoilant toutes les zones d'ombre des perso. Et puis le scénario est quand même particulièrement couillu à un autre niveau ...

La MGM, qui avait mal digéré la scène d'amour entre Burt Lancaster et Deborah Kerr, dans laquelle l'actrice dévoilait sa poitrine, annonça à John Frankenheimer que son film « ne correspondait plus au type de divertissements que souhaitait maintenant produire la compagnie » et en expédia vite fait la sortie. Le film fut un gros échec au box-office.

[Manolito]

Parmi les collaborations entre John Frankenheimer et Burt Lancaster, "Les parachutistes arrivent" est clairement le moins connu, restant dans l'ombre de titres plus glorieux ou plus populaires comme le drame carcéral "Le prisonnier d'Alcatraz", l'oeuvre de politique-fiction "Cinq jours en mai" ou le film de guerre "Le train".

Comme le mentionne manuma ci-dessus, sa sortie a été soigneusement sabotée par la nouvelle direction de MGM qui arrivait à ce moment là, et qui a expédié sans pitié ce métrage lancé par l'équipe précédente... A peine 100 000 entrées en France par exemple, quand "Le train" quelques années avant en a fait plus de 3 millions...

"Les parachutistes arrivent" décrit la rencontre entre un trio de forains itinérants, parcourant l'Amérique profonde pour y faire d'impressionnants et dangereux numéros de parachutismes. Le coeur du métrage, c'est la rencontre entre ces voyageurs et les habitants de la ville où ils arrivent, et en particulier entre Rettig, le chef de cette équipe joué par Burt Lancaster, et Elizabeth (Deborah Kerr), femme mûre vivant une existence trop calme et policée.

Le parachutisme tient alors lieu de métaphore.

Il y a ceux qui ont trop peur pour faire le grand saut, se confronter à l'instant décisif où toute une vie peut basculer en un instant. Bref, ceux qui ont peur d'être libre, comme Elisabeth, coincée dans sa vie médiocre et son mariage malheureux.

Et il y a ceux qui ont peur de ne pas être libres, comme Rettig, qui fait de cette fuite en avant un style de vie.

Ces deux formes de peur, deux faces d'une même pièce, d'une même angoisse de vivre, conduisent à la même solitude impossible à résoudre.

Comme l'a très bien décrit Superwonderscope, il s'agit d'une vraie tranche de vie très adulte, profonde, réfléchie, admirablement interprétée en particulier par Gene Hackman et surtout Deborah Kerr, baignée par une très belle musique d'Elmer Bernstein, filmée avec technique et invention par Frankenheimer. Les scènes de parachutisme perdent sans doute beaucoup de leur efficacité à la télé, c'est évident qu'elles sont faites pour être vues sur très grand écran, mais certains moments restent assez soufflants, voire angoissants (je pense en particulier au saut où Rettig décroche et ouvre plusieurs parachutes à la suite, de plus en plus près du sol).

J'ai quand même des réserves sur la fin, qui tombe peut-être un peu trop dans le mélodrame et la sinistrose, mais bon, "Les parachutistes arrivent" reste un beau film, un film fragile, sincère, à l'écriture intègre et touchante, à découvrir d'urgence.

Vu sur le replay de ciné+.

[dario carpenter]

Un beau film aux prises de vues aériennes spectaculaires et qui mériterait une belle édition blu ray en France comme d'autres Frankenheimer méconnus, "I walk the line" ("le pays de la violence") et "the fourth war"..