Le dernier roi d'Ecosse - Kevin Macdonald - 2007

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DPG
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Le dernier roi d'Ecosse - Kevin Macdonald - 2007

Message par DPG »

L'histoire :

"Jeune médecin écossais tout juste diplômé, Nicholas Garrigan débarque en Ouganda en quête d'aventure et décidé à venir en aide à la population.
Peu après son arrivée, il est appelé sur les lieux d'un accident : le nouveau leader du pays, Idi Amin Dada, a percuté une vache avec sa Maserati. La façon dont Garrigan maîtrise la situation, son calme et sa franchise surprennent Amin Dada. Fasciné par l'Histoire et la culture écossaise, il trouve le jeune homme sympathique et lui propose de devenir son médecin personnel.
Séduit par le charisme du chef de l'Etat, le jeune médecin rejoint le cercle présidentiel au sein duquel il mène grand train. Bombardé confident du dictateur, piégé au coeur de la mégalomanie meurtrière d'Amin Dada, Garrigan, témoin d'enlèvements et d'assassinats, devient malgré lui peu à peu complice d'un des plus terrifiants régimes africains du XXème siècle."

Ca sortait aujourd'hui en salles en France. On en parle ici ou là, notamment pour Forest Whitaker, qui a déjà gagné le Golden Globe et qques autres récompenses et qu'on annonce grandissime favori pour les Oscars. Certains seront pt etre un peu agacés de voir encore une fois une performance issue d'un biopic mise en avant, à croire que jouer une personne ayant existée serait forcement un gage de plus grande qualité qu'une création originale. Vaste débat qui n'est pas le sujet du film. Quoiqu'il en soit, ça ne m'a pas empeché d'avoir une grosse envie de voir ce film. J'aime bien Forest, la BA donnait envie, j'y suis allé.

ET C'EST JUSTE UNE CLAQUE HALLUCINANTE que je viens de prendre ! :shock:

Vraiment je suis conquis par le film. Dans un style à mi-chemin entre le documentaire et le film politique "à l'américaine", on se fond à merveille dans cet Ouganda des 70's. La reconstitution est saisissante, le travail sur la photo tout aussi admirable, et on penetre immediatement dans cet Ouganda. L'Ouganda du pouvoir, celui des riches, celui de l'opulence, celui de Idi Amin Dada, qui regnera sur le pays de 1971 à 1979.
On passe donc ainsi des villages affamés de la province aux luxueux palais presidentiels, des guerillas urbaines et massacres dans les campagnes aux somptueuses soirées qui feraient palir d'envie Bob Evans ou Hugh Heffner. On suit tout ça à travers les yeux du médecin, et on partage tout au long du film l'evolution de ses sentiments et la perception qu'il a du président et de sa façon de régner. On découvre petit à petit toutes les horreurs que Amin a pu perpetrer, mais le plus souvent de loin, par des photos, des témoignages, exactement comme le médecin a lui-même du prendre conscience des choses. Et au bout d'un moment, même si on n'a presque rien vu, on ne peut plus ignorer ce qui se passe.

Tout le monde, presse en tête va louer la performance de Forest Whitaker, mais à la vision du film, force est de reconnaitre qu'on ne peut guère faire autrement. Il écrase littéralement le film par un charisme HALLUCINANT ! Tour à tour charmeur, blagueur, puis passant en un éclair du bon gars rigolard au dictateur sans pitié commandant froidement des éxécutions massives, Whitaker est vraiment imposant, parfait aussi bien quand il arrangue les foules que dans les faces à faces glaçant qu'il entretient avec son médecin. A l'aise sur tous les registres, il est litteralement fascinant, hypnotisant, et on ne peut nier que la réussite du film lui doit beaucoup. Mais le jeune James Mc Avoy qui lui tient tête se défend très bien également, sorte de candide laché au milieu des crocos, il surnage sur son nuage présidentiel avant de réaliser l'horreur de ce monde là. On retrouve Gillian Anderson sinon, dans un petit rôle secondaire, mais après si longtemps, je l'avais totalement oubliée, ça fait plaisir de la revoir !

Mais bon, même avec ce scenar en beton et son interpretation sans faille, on pourrait craindre que le film se fasse trop academique, soit trop lisse et se contente de filmer des "performances d'acteur". Or, il n'en est rien, le real est vraiment doué, pas mal de scènes se passent d'ailleurs de mots et on se laisse porter par la BO et le montage, dans un trip beaucoup plus sensoriel qu'intellectuel.

Voilà, j'oublie surement des tas de trucs, des moments forts, des choses à mettre en avant, mais en tout cas, j'ai vraiment ADORE, et j'étais pas sorti d'une salle de ciné aussi entousiaste depuis plusieurs mois. C'est visible dans une centaine de salles en France dès aujourd'hui, n'hesitez pas :wink:

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Kyun
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Message par Kyun »

C'est clair, ce film est a voir pour la performance tout a fait géniale de Forest Whitaker.

Seul bémol: la partie maléfique d'Idi Amin n'est pas trés bien mise en avant.
mercredi
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Message par mercredi »

C’est une mercredi toute souriante qui amorce ses vacances scolaires par un film très intéressant: “Le Dernier roi d’Écosse”.
À ce titre, je te remercie, DPG, d’avoir pris la peine d’évoquer longuement un métrage qui, au regard de l’enthousiasme contagieux du poste, fut mon premier choix aujourd’hui.
Dès lors, je ne résumerai pas l’oeuvre de Kevin McDonald et me contenterai de rebondir sur ta parfaite synthèse.
D’abord, le réalisateur nous plonge dans l’Afrique exotique telle qu’elle fut et reste rêvée par l’Occident depuis le XVIIIème siècle. Musique traditionnelle, danses sensuelles, paysages magnifiques et sorciers, émerveillent le jeune médecin, quitte à effacer la grande misère du peuple pourtant représentée ici. Toutefois, cette “peinture” du folklore emprunte une tonalité singulière, au regard d’une mise en scène dont l’extrême vivacité (caméra qui “bouge”, montage dynamique) tend à surcaractériser notre cliché pour finalement le déposséder de ses principes et valeurs premiers. Cette image du pays fait naturellement écho au portrait du dictateur.
La survalorisation d’une “joie de vivre” africaine somme toute bien trompeuse, renverse l’implication anthropologique du propos (l’Afrique, “berceau de l’humanité”) et confronte le spectateur aux dramatiques conséquences du JEU politique. Porté à l’excès, l’exercice ludique (danse, chant, football) acquière une dimension angoissante, inhérente à l’insidieuse cruauté des “joueurs”. De même, Kyun, je réfute ton hypothèse; la monstruosité du dictateur s’avère parfaitement transcrite, non par le biais d’une duplicité inexistante ici, mais via un TROP PLEIN de vie, de voix, de cris, de chair... En ce sens, “Le Dernier roi d’Écosse” s’éloigne des poncifs du genre. Si ces derniers dénoncent généralement l’ambivalence des gouvernements en place (leitmotiv de l’hypocrisie, du complot...), l’oeuvre de McDonald insiste au contraire sur les dangers représentés par la pratique OUTRANCIÈRE et / car passionnelle du pouvoir politique. “Passionnelle” donc folle, irraisonnée, juvénile. Le médecin jette à la tête du bourreau: “Vous êtes un enfant!”. Tout est dit. Évidemment, un tel tableau rappelle certaines figures “mythiques” (Caligula, Néron) ou livres célèbres (L’Automne d’un patriarche). Pouvoir et Folie (thèmes récurrents de la mégalomanie et de la paranoïa présents ici) sont deux notions qui ont nourri maintes fantasmes historiques (Suetone), littéraires (Racine, Camus) ou cinématographiques. Inscrit dans cette filiation, Amin s’apparente davantage aux célèbres empereurs romains qu’aux homologues contemporains (dictateurs du XXème siècle). À cela s’ajoute une parenté avec les terribles figures des “présidents” dépeints par la littérature africaine (Ahmadou Kourouma, “Les Soleils des Indépendances”; Soni Labou Tansi, “La Vie et demie”; Henri Lopès, “Le Pleurer-rire”); Les séquences cauchemardesques (déambulation du médecin au sein d’un hôpital infernal; images de tortures) consacrent cette perception grotesque (au sens large) d’un réel vécu comme Déraison et en cela fatal. En cette contrée, la Lumière est une lancée de flammes, le Masque un visage, l’Amour un enfant illégitime, le Rire un cri, le Jeu... une réalité mortelle.
John-Trent
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Message par John-Trent »

Les 20 premières minutes du films étaient bien, après les plomb de l'UGC Bercy ont sauté et le cinéma a été évacué. :lol: :lol: :lol:

Dommage! Je retournerai voir ce film
celia0
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Message par celia0 »

Je l'ai vu à l'UGC Bercy et je suis moins enthousiaste que DPG. En effet Forrest joue bien (tous les acteurs du film en fait) mais le choix de ne pas montrer les horreurs commises par ce dictateur et de ne montrer que le point de vu du médecin m'a grandement frustré et jen suis sorti de la séance avec l'impression de ne rien avoir appris sur le sujet, opinion renforcée par le fait que le personnage du médecin bien qu'imaginaire soit le plus présent à l'écran.
Sinon, pour un film interdit qu'aux moins de 12 ans, j'avertis les âmes sensibles que :shock:

SPOILERS...........................................

Il y a une scène de pendaison à l'aide de crochets dans les pectoraux qui envoie au tapis cannibal ferox!

FIN SPOILER
Avis aux nouveaux forumers, il est parfaitement normal voir de santé publique d'envoyer chier manolito au moins une fois.
Manolito
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Re: Le dernier roi d'Ecosse - Kevin Macdonald - 2007

Message par Manolito »

Après le chef d'oeuvre "La mort suspendue", Kevin McDonald revient avec un autre sujet d'aventure extrême, un sujet risqué, un métrage tourné entièrement en Ouganda, nous montrant, là aussi, une odyssée impressionnante d'un aventurier extrêmement imprudent qui va se retrouver au bord de l'ultime gouffre ! Par ses prises de risque artistiques, McDonald paraît presque un cinéaste très proche de Herzog, et l'intensité urgente de son cinéma rappelle le meilleur de Paul Greengrass ("Bloody Sunday" et "United 93", pas les Jason Bourne !)

Le portrait de l'Afrique est évidemment terrible, baladée entre colonisateurs cyniques, profiteurs et déments. Le personnage principal se compromet en devenant successivement le complice et le pire ennemi de Amin Dada, un tyran sanguinaire dans la pire acceptation du terme. Danger physique et moral, donc... Effectivement, le parti-pris est de nous montrer la folie du régime à partir du palais, du centre du pouvoir. La folie va d'abord s'exercer à l'extérieur, en cachette, puis se rapprocher, cerner et s'imiscer dans la capitale. Le film gène quand même par certains aspects sensationalistes, et pas toujours très rigoureux dans l'Histoire, qui trahissent un relatif manque de profondeur dans le projet. Cela pose quand même les limites de la réussite du film pour moi... Mais Kevin Macdonald reste vraiment un des cinéastes les plus intéressants à suivre ces temps-ci...
Dragonball
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Re: Le dernier roi d'Ecosse - Kevin Macdonald - 2007

Message par Dragonball »

Spoiler.

Un très bon film porté par la prestation magistrale de Forest Withaker qui trahit malheureusement sa nature hollywoodienne par un élément scénaristique purement fictionelle et qui n'était pas vraiment nécessaire au film, en l'occurrence, la romance entre le médecin écossais et la jeune femme d'Idi Amin.

Débile (Enfin surtout ultra commun) et surtout fortement nuisible au film en ce sens que cet élément apparait comme le réel facteur faisant prendre la fuite au jeune médecin, bien plus que sa prise de conscience progressive de la folie du dictateur sanguinaire.

Aussi, même si le film reste à voir pour ses nombreuses qualités, il est aussi important de découvrir "The rise and fall of Idi Amin", nettement plus bis dans son style mais reprennant avec précision tout les moments clés du règne de terreur de dictateur Ougandais.

Et sans oublier bien sûr le documantaire de Barbet Schroder.


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Robert Zdar
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Re: Le dernier roi d'Ecosse - Kevin Macdonald - 2007

Message par Robert Zdar »

Par rapport à la réalité historique et au livre à l'origine du film, j'ai lu qu'il y avait en effet de gros changements assez peu nécessaires (un des personnages principaux est en fait deux personnages réels fusionnés). Un peu dommage quand on se veut "historique", surtout que je ne vois pas ce que le film aurait perdu au change
"Regarde moi avec ma cocaïne !!!" Robert Zdar in "Heat Street"
fiend41
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Re: Le dernier roi d'Ecosse - Kevin Macdonald - 2007

Message par fiend41 »

jusqu'à la moitié, j'ai vraiment apprécié. une escalade culottée et franche avec cette sorte de fraternité dans les actes et le courage d'oser. et puis ça commence à paranoiaquer, mais ce qui en dit long dans le film, ce sont les regards. si un 2eme bref regard se pose... c'est mal barré pour qui est dans le colimateur )8 :D . l'oeil fatigué de l'acteur rajoute un peu à la surenchère démente d'expression du président.

intrigué si tt ça sonnait vrai... j'ai surfé un peu, et donc le film s'éloigne du sort du médecin (il aurait été plus complice mais surtout n'aurait rien tenté contre Amin qui donc lui pardonna, et serait parti après l'effondrement du régime pour revenir hué en angleterre)
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