
"L'ennemi sans visage" est une curiosité française, un film partant d'un sujet de SF, mais qui dévie ensuite nettement vers le cinéma policier, et le "Mystery" à l'américaine. Rien ne manque : la journaliste fouineuse, le détective perspicace, la maison gothique, les passages secrets, le criminel masqué, le magot de service et autre héritage appétissant... L'ambiance est dans le genre assez réussie, rappeleant un peu "Le loup des Malveneur" dans une certaine mesure. Le film est servi par d'excellents comédiens français de "seconds rôles", comme Jean Tissier ou André Fouche. Malheureusement, l'intrigue ne suit pas. Le coupable est assez facile à deviner et, après un début assez haletant, les bavardages et autres déductions tournent un peu trop en rond... Bref, un film passsablement anecdotique, qui s'oublie à peu près aussi vite qu'il se voit...
L'écrivain Stanislas-André Steeman (L'assassin habite au 21, Quai des orfèvres), auteur du roman dont a été adapté ce film, nous en dit plus au sein d'un texte intéressant trouvé sur le site "éclairages.com" :
"Le bruit commençait cependant à se répandre que je faisais de bons films. Entendez par là : de ces films qui font de l'argent.
Maurice Cammage, metteur en scène de L'innocent, m'acheta le droit d'adapter L'ennemi sans visage.
Par malheur, la maladie l'emporta avant qu'il eût donné le premier tour de manivelle et ce fut un certain M. Robert-Paul Dagan (cette manie de signer de deux prénoms !) qui prit sa succession.
Fresnay ne voulait plus incarner M. Wens, de peur de devoir signer un jour ses autographes Vorobeïtchik. On pensa à Frank Villard, dont ce rôle marqua les débuts d'une heureuse carrière.
Quant au film ... Quand je le vis (dans un cinéma de quartier, à Roubaix), je cherchai vainement à en démêler l'intrigue : je prenais le père pour le fils et la victime pour le coupable. Entre-temps, la critique s'était déchaînée et me reprochait amèrement d'abuser des placards secrets chers à Edgar Wallace et autres deus ex machina !
J'adressai aux journaux quelques plaisantes mises au point où j'exprimais ma propre aversion pour toute espèce d'issues secrètes et où je priais civilement mes censeurs de rendre à Robert-Paul ce qui appartenait à Robert-Paul ... J'attends toujours leur publication."
Le texte en entier sur ls rapports de Steeman et le cinéma :
http://www.eclairages.com.fr/index.php? ... numero=750
"L'ennemi sans visage" passe en ce moment sur cineFX, copie correcte sans plus (1.33, mono, noir et blanc d'origine), mais le film étant iéndit en dvd...