Un détective privé surnommé l’œil est lancé sur les traces jonchée de cadavre du jeune femme mystérieuse, véritable mante religieuse, en qui il croit reconnaître sa fille, emmenée par sa femme lors de leurs ruptures des années auparavant et qu‘il n‘a jamais revue.

Je viens de voir dans STUDIO que le DVD de ce magnifique road-movie mortifère et vénéneux est enfin disponible en zone 2 chez tf1.
Encore un de mes tout grands films cultes -normal me direz vous, entre détective- dont je chérissais ma vieille VHS -avalée par un vilain magnéto défaillant voici perpette’- plus que tout et dont je pouvais réciter le moindre des ses merveilleux dialogues de Michel Audiard.
Le problème était que depuis plus des dix ans, il était impossible de revoir la version intégrale de ce chef-d’œuvre maudit (le film fut un très coûteux échec à sa sortie en salles), puisque Claude Miller lui même l’avait amputé de plus d’une demi heure; probablement pour favoriser ses rediffusions TV.
Un DVD américain proposé également la version tronquée, et je commençait vraiment à désespérer jamais pouvoir revoir le film dans de bonne condition.
...j’espère que se sera le cas avec l’édition de tf1 (qui est annoncée avec une durée de 120 minutes ce qui semblent être plus ou moins la durée ciné, en tout cas bien loin de l’heure et demi de la boucherie servie sur les onde télévisuelle depuis quelques années.
On pourra toujours mégoter sur la place que j’octroie a ce film dans la section fantastique, ce qu’il ne semble pas être à première vue, mais tout, finalement, du personnage de serial-killeuse d’Adjani aux dialogues insolite d’Audiard (…ah cette dernière réplique de Serrault!) en passant par l’ambiance surréaliste générale du métrage et de ses curieux personnages, plaide pour cette classifacation .
L’interprétation et rien moins que hors pair: Michel Serrault évidemment, d’une glaçante sobriété entrecoupée de quelques éclairs de folies pur et Adjani, qui n’a jamais était aussi glamour et fascinante qu’ici, accumulant les look et les personnalité différentes au fur et à mesure que les meurtres défilent.

Ajoutez à cela une galerie de second rôle savoureux, de la simple apparition de Brialy à la sublime Geneviève page en Mme Schmit-Boulanger, et le minable couple d’escrocs Marchand/Audran, tout les deux magnifique, avec en plus un maquillage hallucinant pour Stéphane Audran, absolument hideuse et pitoyable.
Les décors sont également splendides, sillonnant l’Europe le long de cette mortelle randonnée, de Bruxelles à Baden-Baden, donnant par leurs froideurs et leurs fastes un cachet tout à fait spéciale, rappelant en plus somptueux le Londres vide des Avengers, pour finir dans la grisaille glauque de Charleville; et font constamment penser aux toile surréalistes de Delvaux ou Magritte.
Le scénario d’Audiard (enfin, des Audiard devrait on dire, puisque écrit à quatre mains avec son fils son fils jacques) et à la fois fidèle et supérieur au roman de Marc Brehm (qui a également inspiré LE VOYEUR de Stephan Elliot)
Fidèle en gardant le voyeurisme de l’œil, sur lequel repose toute l’intrigue de l’œuvre, sa trame générale et même certain dialogues -et surtout l’obsédante référence à la photo des petites écolières, seul témoignage que l’Oeil garde de sa fille et ou il est pourtant incapable de la reconnaître- tout en le nourrissant de personnage plus décalé, comme mme Schmit-Boulanger la directrice de l’agence de détective ou le couple mystérieux de maître-chanteur (d’ancien complices d’Adjani?)
Ils ponctuent aussi toute l'intrigue de détails singuliers, comme la référence au DERNIER DES HOMMES de Murneau, les masques de Blanche-Neige pour le cambriolage de la banque, et ces images d'araignées et d’insectes que l'on voit sur les télévisions dans plusieurs scènes.
Un jeux du chat et de la souris fascinant -mais finalement, qui est le félin et qui le rongeur?-, odyssée morbide et un film particulièrement envoûtant, distillant un parfum d’étrangeté rare et raffiné, qui je l’espère pourra enfin être revu dans de bonne condition!