Un étrange jeux de séduction prendra place entre les deux hommes qui les conduira de mensonges en faux-fuyant jusqu’au point de non retour où il faudra bien se décider à faire tomber les masques.

Point d’orgue (enfin, l'un des nombreux) de la seconde partie de carrière de Serrault, celle de la
maturité et des créations inoubliables –qu’on pourrait appeler les trente glorieuses- GARDE A VUE allait apporter à l’acteur son deuxième César après LA CAGE AUX FOLLES. Ces deux rôles synthétise bien tout le génie et la versatilité de l’acteur.
Mais GARDE A VUE, c’est aussi une incroyable conjonction de talents, qui aura la chance en plus d’être récompensé par un très gros succès public à sa sortie en 81, et couronné par 4 Césars.

Tout d’abord, il y a l’affrontement Serrault-Ventura, l’un est l’autre étincelant, véritable raison d’être du film, superbement mis en verbe par un Michel Audiard au top de la forme, qui sait être brillant sans en faire trop, trouvant le ton juste pour ce jeux du chat et de la sourit, et deux second rôle formidable : Guy Marchand, en adjoint crétin, et Romy Schneider dans le rôle court mais fondamentale de la femme de Martinaud.
Romy Schneider dont s’est ici l’avant dernier film, semble franchement au bout du rouleau.
Elle toujours aussi belle, mais son visage est fatigué, las, et déjà marqué par les traces des tragédies successives qu’elle affrontera dans les dernières années de sa vie.
Elle n’en est pas moins impeccable et glaçante dans son rôle, 15 minutes inoubliable face à Ventura.

Autre bon point, alors que le film est un huis clos serré dans un commissariat de province, le film bénéficie d’un soin extrême dans la mise en image, que se soit pour la direction de Claude Miller ou le superbe décors du commissariat, ce qui empêche le film de tomber dans le piège du simple téléfilm en décors étriqué ou du théâtre filmé.
J’adore aussi l’ambiguïté de la fin. Martinaud finalement est-il oui ou non coupable? …la conclusion, magnifique, laisse la place à toutes les interprétations.
Je ‘n'ai pas vu le remake avec Gene Hackman (ce qui n’est pas une mauvaise idée) dans le rôle de Serrault et (oh horreur !) Monica Belluci dans celui de Romy Schneider, mais j’aurais de toute façon du mal à être objectif, donc ma fois, je préfère m’abstenir