Difficile de sortir la tête du cul. HPG, célèbre acteur et réalisateur porno, vient encore de le vérifier. Si sa première percée dans le cinéma dit traditionnel a été remarquable et remarquée, la seconde s'avère beaucoup plus difficile. Compilation de dix courts-métrages plutôt soft, son DVD "Mon vit, mes œuvres", sorti début avril, n'est distribué ni par la Fnac ni par Virgin.
"A part quatre ou cinq scènes explicites, il s'agit davantage d'un travail d'auteur que d'un travail de hardeur", s'étonne son attachée de presse Karine Durance. Par "scènes explicites", comprendre des séquences de sexe non simulées et montrées. "Mais sa matière, c'est le réel", continue-t-elle. Le même réel que dans un film comme "Baise-moi" de Virginie Despentes, qui, elle, n'avait pas été censurée.
Le même réel aussi que dans "On ne devrait pas exister", premier long métrage traditionnel de Henri-Pierre Gustave, de son nom complet. Un film sélectionné pour la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2006. Et évidemment en bonne position dans les rayons des deux grands distributeurs.
"Icone d'aujourd'hui" contre "réalisateur porno"
Le changement d'attitude de la Fnac et de Virgin est d'autant plus étonnant que les critiques ont encensé le DVD interdit. Pas moins de vingt-cinq articles se sont penchés sur les courts-métrages de HPG. Plus élogieux les uns que les autres:
"Le hardeur HPG construit une œuvre personnelle et poétique en marge de ses films pornos." (Les Inrockuptibles)
"Un morceau d'art brut." (Les Cahiers du cinéma)
"L'une des icônes d'aujourd'hui." (Télérama)
Même Paris-Match consacre une page dans son numéro de jeudi prochain à l'acteur-réalisateur dont les courts-métrages sont également diffusés par la Cinémathèque française et sur la chaîne Ciné Cinéma Auteur. France Culture devrait aussi y aller de son émission sur HPG dans les jours qui viennent.
Mais la Fnac et Virgin s'en tiennent à l'explication lapidaire fournie à l'attachée de presse de l'intéressé: "On ne diffuse pas les films de réalisateurs pornos." Une contradiction qui n'inspire qu'un soupir de dédain à HPG:
"Ils font leur business, moi aussi. Ca les regarde. Je suis trop lâche pour dire ce que je pense d'eux, car j'espère bien que ça changera à l'avenir."
Son avenir, c'est un second long métrage traditionnel. Henri-Pierre Gustave a mis ce week-end un point final au scénario. Toujours provoc', rien que dans le titre: "Les Mouvements du bassin".
Le plus marrant c'est le "On ne diffuse pas les films de réalisateurs pornos". Donc c'est même pas le film qui est pris en compte mais le réal. N'importe quoi.