Voto di castità - Joe D'Amato (1976)

[manuma]

Annibale est un vieux libertin ayant amassé une fortune considérable en dirigeant plusieurs maisons closes. Sentant sa fin proche, il souhaite faire de son petit fils Andrea son seul héritier. Lorsqu’il apprend de son frère jumeau, l’évêque Nestor, que celui-ci, toujours puceau à 25 ans, souhaite devenir prêtre, Annibale pique une colère noire. Il annonce alors que si Andrea ne renonce pas à sa vocation et ne goute pas avant sa mort aux plaisirs de la chair il modifiera son testament ; son argent ira à la construction d’une maison de repos pour prostituées à la retraite. Voyant filer leur héritage, Teodoro et Iliana, les parents d’Andrea, ainsi que tous ceux vivant aux crochets du vieux milliardaire, décident de réagir : Andrea va devoir se faire dépuceler au plus vite. Mais ce n’est pas chose aisée car il faut auparavant régler le complexe œdipien du jeune homme, encore très amoureux de sa mère …

A ma connaissance l’une des rares incursions de Joe D’amato dans le registre de la comédie. Ecrite par George Eastman, cette étude de mœurs tirant au bazooka sur la bourgeoisie italienne et l’église, comme cela était fréquent – pour ne pas dire systématique - à l’époque, reprend la trame du Malizia de Samperi, le classique de ce sous-genre italien, mais en l’inversant. Ici ce n’est pas un élément dépravé qui va pervertir une famille de culs bénis, mais une famille de bourgeois dépravés, ayant bâti leur fortune dans les maisons closes, qui va tenter, avec la bénédiction de l’église, de débaucher son seul élément encore coincé du derche (plus précisemment le petit fils puceau qui souhaite rentrer au séminaire). Situation inédite et amusante à laquelle vient se greffer une histoire de trauma freudien un peu plus tordue, permettant notamment à D’amato de nous livrer une curieuse séquence onirique rappelant, en nettement plus soft dans le contenu, celle mémorable d’Emanuelle e Françoise le sorelline, film qu'il avait signé l’année précédente.

Dire que Voto di castità (pouvant se traduire par Voeux de chasteté, il me semble) est un film d’une grande finesse serait un gros mensonge auquel personne ici ne croirait de toute façon. La critique sociale se vautre dans la caricature la plus facile et les gags sont le plus souvent énormes (cf. ce gag récurrent avec le père d’Andrea, chimiste en herbe, dont les solutions lui pêtent régulièrement à la figure). Quant aux comédiens, ils en font des caisses, Jacques Dufilho le premier, ici à des années lumières du cinéma de Sautet et Chabrol, dans un double rôle de pervers pépère / archevêque peu scrupuleux. A noter également la présence de Laura Gemser dans un second rôle, interprétant la bonne française de la famille. Il s’agit apparemment de sa première collaboration avec D’Amato.

Bref, Voto di castita c’est de la grosse cuisine qui tâche, mais il y a tout de même un agréable souffle de folie libertaire qui passe sur tout ça. Et puis, à tout prendre, dans le registre critique bourgeoise, je préfère encore mille fois ça aux essais tiédasses d’un Chatiliez. Vu sur une copie VHS malheureusement recadrée et amputée d’une petite dizaine de minutes (le film fait 95 minutes, la version que j’ai vu 86 seulement), qui évacue ou raccourci drastiquement les séquences les plus croustillantes du métrage (enfin, c’est l’impression que ça donne).

[eric draven]

Sorti sous le titre Voeu de chasteté en francais.. ( traduction littérale du titre original..)

Rien à rajouter a ce qu'en écrit mon confrère.. Tout a été dit

Ce fut en effet le 1er film qu'ait tourné la Gemser pour D'Amato, début d'une longue collaboration et surtout d'une amitié très forte entre elle et Joe... elle y a un second rôle en effet ( une bonne) et le seul souvenir qu'elle garde du film avoue t'elle c'est que tout le monde se courait après sur le tournage.. Une vraie folie!!
Et petite curiosité en effet, voir Dufhilo entrain de batifoler sous sa défroque de prêtre et cabotiner a coeur joie!!

Il existe une version hard avec inserts X qui fut distribuée en salles..

[drummonde]

Il est sorti chez quel éditeur, Eric ?

Tu l'as vu en VF, Manuma ?

T'en as gagné pas mal du fric en tournant tes cochonneries, Aristide ?

[manuma]

Il est sorti chez quel éditeur, Eric ?

Tu l'as vu en VF, Manuma ?

T'en as gagné pas mal du fric en tournant tes cochonneries, Aristide ?

Là, j'te sens plus concerné que lorsqu'on cause de Garry Marshall

Je l'ai vu pour ma part en italien, via l'édition VHS Magnum 3B.

[eric draven]

Je ne te saurais te dire l'editeur malheureusement....

Revu cette nuit, la même version que toi Manuma je pense ( 86mn) mais je n'ai pas eu l'impression que les scènes croustillantes avaient été coupées.. Il s'agit ici je pense de la vrersion softcore tournée par D'Amato... Une version hard avec inserts circulant jadis pour l'exploitation salles selon mes sources.

Quoiqu'il en soit, Voeu de chasteté est toujours ausi agréable à regarder, véritable satire sociale sur la bourgeoisie italienne sur laquelle D'Amato jette tout son venin.
Rien à rajouter donc à ce qui a été écrit fort justement plus haut par votre dextre plume.. si ce n'est cette ambiance parfois morbide que D'Amato instaure au détour de quelques séquences maladives comme il en a le secret.
On retiendra notamment cette magnifique et longue séquence de cauchemar où le jeune puceau se voit happé par une horde de personnages lubriques et autres matronnes obèses, sa folle course à travers des corridors ou des bras tentent de l'agripper, sa peur face à l'idée de perdre sa virginité avant de se retrouver entrain de faire l'amour à sa propre mère, monstre fellinien et grimacant.. le tout filmé en grand angle sous effets psychédéliques.

On songe inévitablement à la longue séquence onirico-macabre du superbe Emanuelle et Francoise, son repas cannibale sous fond d'orgie excrémentielles..

Et si la Gemser n'a qu'un second rôle ici, celui de la bonne, elle a droit à une séquence tout à elle, la danse érotique, une orchidée dans les cheveux, afin d'exciter notre puceau tout en sueur et terrifié qu'elle réussira a dompter, le temps de lui soulever le pyjama pour promener sa main sur son jeune torse apparemment fort réceptif.. On ne saura jamais si le bas du pyjama est aussi réceptif!!

De beaux décors, une interprétation solide, une musique fort enlevée.. Voilà une sexy comédie peu connue au ton parfois maladif et surtout grinçant à découvrir pour l'amateur du genre.. Seule incursion de Joe dans ce style de cinéma!

[manuma]

Une fois encore je m'incline : le cinéma trash italien, c'est encore Maître Draven qui en parle le mieux.

Revu cette nuit, la même version que toi Manuma je pense ( 86mn) mais je n'ai pas eu l'impression que les scènes croustillantes avaient été coupées. Il s'agit ici je pense de la version softcore tournée par D'Amato...

Pas de regret à avoir donc ... peut-être mon désir de voir certaines séquences licencieuses se prolonger l'a t'il emporté des pensées plus rationnelles.

(...) si ce n'est cette ambiance parfois morbide que D'Amato instaure au détour de quelques séquences maladives comme il en a le secret.

Je n'ai effectivement pas suffisamment insisté sur cet aspect du film, qui l'éloigne des habituelles sexy comédies bourgeoises de l'époque. Ne serait-ce qu'entre la scène du cauchemar d'Andrea où ce passage comico-morbide dans lequel Dufilho, simulant l'agonie, se laisse porter jusqu'à son cercueil afin de l'essayer, il flotte incontestablement un climat particulier sur le film.