Clouzot n'a pas fini son film à cause d'un arrêt cardiaque (et accessoirement à cause du départ de Reggiani, qui a littéralement craqué), et quelque part le documentaire explique qu'il n'avait étrangement pas envie de le finir, comme s'il était possédé par ce film mais ne pouvait se résoudre à en accoucher. Bromberg interviewe la plupart des techniciens et acteurs encore en vie (Costa Gavras, le chef déco Max Douy, les chef op, les assistants -dont Bernard Stora-) et tous témoignent du gigantisme du projet ("Budget illimité !" lui avait dit la Columbia après avoir vu les premiers essais) pour une histoire paradoxalement très intimiste.
Les plans de Reggiani et Schneider sont vraiment envoutant et surprenant (Romy comme vous ne l'avez jamais vu) et des scènes de studio que Clouzot n'a pas pu tourner (le tournage en studio devait avoir lieu après les tournages dans la vallée de Garabit dans le Cantal) sont jouées et reconstituées d'après scénario avec Berenice Bejo et Jacques Gamblin. Si cette partie (visible dans la bande annonce) m'effrayait un peu, elle donne un vrai et bon éclairage sur l'ensemble du récit et l'aspect résolument très intimiste du projet.
Voila, un document rare, riche et bien produit (c'est pas tourné en DV et ça se sent) qui se doit donc d'être honoré au cinéma.
Et dire que pendant ce temps d'autres se fadent le Emmerich...
