
J'y allais un peu à reculons, les pièces de Barillet et Grédy étant d'un boulevard suranné que je goute assez peu.
Et en fait, j'ai été assez surpris de la bonne tenue de l'ensemble. Un travail de dépoussiérage assez amusant, avec un second degré permanent de la part du réalisateur. Comme s'il se foutait de manière permanente de la gueule d'une pièce dépassée, à laquelle il rend un hommage à la fois admiratif et ironique.
Un énorme travail de précision sur les décors, les accessoires (on y retrouve même les "cache-téléphone" en velours qui faisaient fureur chez les bourgeois 70's!), les fringues, les coiffures. Effectuer un film en costumes (ici 1977) est toujours délicat, car il faut éviter au maximum les anachronismes. Et ici, on y croit.
La théâtralité de l'ensemble a été respectée dans le sens où la direction d'acteurs a privilégié la côté "théâtral" de leur interprétation. Des décors assez soignés qui semblent se trouver sur une scène de théâtre, justement, avec des déplacement d'acteurs, des portes qui claquent... et un surjeu qui fleure bon Au théâtre Ce soir.
Le récit s'aère toutefois régulièrement avec les scènes en extérieur, avec notamment une scène de fesse campagnarde où un routier communiste les fesses à l'air culbute une bourgeoise tombée en panne avec sa bagnole

C'est en fait la distanciation créée qui m'a beaucoup amusé, et les acteurs s'en donnent à cœur joie dans un registre inhabituel dans le cinéma français. Même si le discours original est un peu lourdaud, Ozon sait l'utiliser à bon escient pour toujours garder un pied dans la réalité ( la notion de "casse-toi pauv'con" n'existe pas dans la pièce originale, mais est bien ancrée dans la réalité 2011... mais ne dira probablement plus rien dans 10 ans, même s'il y a de fortes chances que cette phrase fasse école ;longtemps....). Jérémie Rénier en clône de Claude François est



Si l'on prend le film au premier degré, c'est clair que c'est un peu repoussoir. Je peux comprendre que ça ne plaise pas et donne un côté très guindé au film... mais comme Ozon a choisi le second degré permanent, c'est de ce côté là qu'il faut regarder le film pour l'apprécier, AMHA. Même le final fait écho aux nombreuses comédies 70's, avec des dialogues en creux assez hallucinants. On passera sur le côté féministe de l'ensemble qui est malgré tout assez amusant et aux vues de ce qui se passe en Italie (volir les manifs de ce week end contre la vision de femme en Italie par les gouvernants en général) et même encore dans certains départements français (le Jura, entre autres), je me dis que le message n'est pas aussi dépassé que cela.
En tous cas, j'ai passé un bien meilleur moment qu'attendu. C'est assez frais, plutot intelligent, rythmé au millimètre, ça se fout gentilment de tout le monde à tous les étages, même de son thème propre... une sorte de comédie post-moderne inattendue.
Vu à Avoriaz en projection numérique, avec un son parfait. Étonnant, même, pour la qualité du mixage sonore, du travail sur les effets... et une bande-son terrible, dotée d'une OST qui reprend les tics et orchestrations franchouillards made in Vladimir Cosma.