
Dupieux continue de s'éloigner du no reason brut pour aborder l'absurde par la tangente, ici dans la description d'une influenceuse tête à claque et atteinte d'ICD, pathologie qu'elle emploie à honorer la mémoire des Jackass et qui la propulse star des plateformes. La voilà adulée par des foules indifférentes à la violence qu'elle exerce sur elle... jusqu'au paxoxysme de sa conclusion mortifère. C'est par là tout un spectre de l'anesthésie que le réalisateur balaie, que ce soit l'analgésie morbide (poussée au-delà du crédible), la solitude familiale ou l'absence de considération humaine du public. Tout le monde apparait ainsi comme des odieux connards, même si la journaliste est plus ambiguë, car, si elle est montrée comme une opportuniste et semble servir de punching-ball à Dupieux (il n'a pas l'air d'aimer les interviews), elle est aussi la seule qui semble réellement prêter intérêt à la vidéaste dans sa recherche de ses motivations profondes, et surtout la seule à nommer la violence qu'elle s'auto-inflige.
Bon, au-delà de ces thèmes assez évidents, L'accident de piano repose essentiellement sur la prestation de ses acteurs, Adèle Exarchopoulos en tête (qui trouve le ton juste dans l'autocélébration désabusée de sa merditude), mais cela amène rapidement à tirer sur la corde, faute de réels rebondissements, au risque d'anesthésier également le spectateur.