Hier méprisé, aujourd'hui adulé !

Science-Fiction, Horreur, Epouvante, Merveilleux, Heroic Fantasy et tout le toutim du Fantastique !

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
francis moury
Messages : 112
Enregistré le : lun. sept. 26, 2005 4:19 pm

Ne pas confondre appréciation et exploitation + temps

Message par francis moury »

Manolito a écrit :Pour "La bataille d'Alger", il y a eu une émission récente sur RFI, pour la sortie du DVD où ils interviewaient un spécialiste de la guerre d'Algérie au cinéma. Il expliquant en substance que le film n'est pas sorti en France car les exploitants ont eu la trouille de casseurs, en particulier chez certains anciens combattants de la guerre d'Algérie qui avaient semble-t-il déjà fait du bordel au cours des quelques projections exceptionnelles du film en France. Aucun distributeur n'a voulu prendre le risque de le sortir, et l'état ne serait pas intervenu pour empécher sa sortie...
Attention ; que Pontecorvo dise que des partisans de l'A.F. aient apprécié son film ne préjuge absolument pas de son exploitation ou non en France. Ils ont pu le voir en S8mm ou en 16mm ou en 35mm en projection privée, à l'époque, ou que sais-je encore ?

En revanche, je vous signale à tous que LA BATAILLE D'ALGER passait régulièrement, dans les années 1980-1985, au Bellevue, en face du métro Belleville à Paris, comme je le signale dans mes Souvenirs des cinémas parisiens 1968-2000 dans la section "Bellevue". Et que tout un chacun pouvait le visionner en toute quiétude : ex-pro comme ex-contra... voire même ignorants et indifférents venus là par hasard...


Il y a des films comme ça qui deviennent totalement visibles 10 ans après avoir suscité terreur et bataille ou peur de bataille de la part des exploitants ou des militants de tous bords : THE GREEN BERETS [Les Bérets verts] (U.S.A. 1968) de John Wayne & Ray Kellog par exemple, sulfureux à sa sortie, puis reprogrammé presque clandestinement aux Champs-Elysées vers 1980-1985 dans des salles immenses mais à moitié vide, voire aux trois-quart vides... car le film était devenu oublié de tous sauf de quelques ex-pro et ex-contra, le reste du public étant constitué de quelques cinéphiles de tous bords se jetant sur une rareté - par habitude, en somme - et par un impavide grand-public international presque surpris de visionner un film dont l'esthétique trahissait la date de réalisation alors qu'ils pensaient voir un film des années 1980-1985 bien que les photos fussent exposées à l'entrée des salles encore à l'époque, Dieu merci ! Enfin je crédite certains d'entre eux, parmi cette entité nommée grand-public international, de s'être peut-être souvenus d'avoir vu le film dans leurs propres pays ou de savoir qui étaient John Wayne et d'être venus consciemment à une reprise mais pour d'autres... il y avait méprise ou doute ou hasard pur, je pense.

J'ai vécu cela en temps réel, de telles projections. On avait l'impression - curieuse et trouble - d'être en marge de l'histoire, du temps, de vivre un moment décalé, pour tout dire, et presque élitiste puisque une fraction seulement du public avait véritablement conscience de ce qu'il visionnait. Enfin là aussi, je change de sujet... et je m'arrête. Mais il y aurait une philosophie de telles séances à écrire...
"Felix qui potuit rerum causas cognoscere"
Manolito
Site Admin
Messages : 21654
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 2:17 am

Message par Manolito »

Les éditions du Cerf ont certes publié "Images de la science-fiction" de Labarthe et Siclier - je ne sais pas ce qu'il vaut, je n'en ai lu que des passages, mais ils sont aussi publié un titre comme le "Miroirs de l'insolite dans le cinéma français" de Henri Agel, dans la même collection en 1958, dont la conclusion consiste à dire que les films de fictions fantastique français sont tous sans exception mauvais, et que les seuls vrais bons films insolites sont les documentaires (comme "Nuit et Brouillard" si mes souvenirs sont exacts). Cocteau ou Carné sont invités à aller prestement se rhabiller... :? :? :? Je trouve cette conclusion très caractéristique d'un malaise catho vis-à-vis du cinéma fantastique...

Ayant moi-même grandi dans une famile mixte (mère venant d'un milieu catho de droite et père d'un milieu athée de gauche) et ayant alors subi les critiques de Télérama - et plus particulièrement le système de cotes médiévales de l'OCFC ("Ali baba" avec fernandel pour adultes et adolescents, dans les années 80 :shock: ) qui régnaient en maître à mon domicile, je peux vous garantir que cette revue n'était toujours pas une revue très ouverte sur le fantastique au début des années 80.

La mention "Non !/A proscrire" (A proscrire !!!!!) était encore en vigueur dans les fiches de l'OCFC (l'équivalent catho des saisons dont vous parlez, qui s'appelle "Fiches du cinéma 19XX" si je me souviens bien) et donc dans Télérama ; cette mention avait encore frappé par exemple "Braindead" de Peter Jackson - auquel Télérama avait pourtant donné une critique positive.

Rappelons que l'OCFC avait aussi classé "A proscrire" "Frayeurs" (sorti en France en version censurée pourtant) ou "Eraserhead" ! En 1980 ! Dario Carpenter dit apprécier les critiques de Pierre Murat : peut-être ne se rappelle-t-il pas bien de celles concernant "Deux yeux maléfiques" nous apprenant que Dario Argento "ce n'est pas du cinéma", il me semble qu'il avait tenu le même discours à propos de De Palma sur je ne sais plus quel film... On peut continuer longtemps... L'écran et mad s'amusait d'ailleurs à répertorier ce genre de saillies pour en ricaner dans leurs pages... L'attitude de Télérama par rapport à ces réalisateurs, ou Carpenter, Cronenberg et cie a changé vers le milieu des années 90, avec l'arrivée de réalisateurs comme Tarantino, les rétrospectives organisés par JF Rauger à la cinémathèque, et l'arrivée d'Aurélien Férenczi dans leurs rangs... Qui se souvient du lynchage en règle de Lynch à l'époque de "Sailor et Lula" et de sa palme d'or, lynchage largement relayé par les Cahiers du cinéma et Télérama ; Lynch devenait le cinéaste de l'ordure, une saloperie à l'état pur ?...

Par ailleurs, je reste convaincu que, profondément, le catholicisme ne peut guère apprécier le fantastique pour de simples raisons de "concurrence". C'est un cinéma trop lié à la superstion, au surnaturel et à sa réalité pour qu'il puisse réellement être défendu et recommandé par des organismes catholiques. Dans le même genre, je me rappelle encore de mes grands parents maternels chez lesquels un jeu comme Donjons et Dragons était persona non grata car il s'inspirait d'écrivains pagano-satanistes comme... JRR Tolkien ! :shock: Théorie maintes fois défendues dans les pages du Figaro des années 80 ! Tout ce qui présuppose de la réalité, même "fictive", de croyances à u surnaturel autre que celui constituant le fond de commerce de l'église, est alors à éviter...

Pour le livre de Gérard Lenne, je suis assez d'accord avec fantomas, on est après 1968 - qui a radicalement changé le regard des "élites" intellectuelles sur les arts à destination "populaires", on est après le "run" de Midi Minuit, et les choses avaient effectivement bien changé ; les livres et les revues consacrés au cinéma fantastique s'étaient alors largement multipliés. Dans la seconde moitié des années 60, toutes les revues de cinéma (Image et son, cahiers du cinéma, Positif) se devaient d'avoir sorti un ou deux numéros avec un dossier spécial "cinéma fantastique" pour rester dans le coup. A la limite, si vraiment je voulais tirer mon chapeau à cet éditeur dominicain, ce serait pour la publication du livre sur le Gore de Philippe Rouyer, car, là, on parle d'un genre qui reste toujours mal accepté généralement, y compris chez certains amateurs de cinéma fantastique avant tout attiré par la Fantasy ou la SF...

Tout ça pour dire : je ne dis que l'on ne puisse pas être catholique et apprécier le fantastique. Bien sur. Mais cela implique un certain recul par raport à la foi, par rapport à la réalité du surnaturel. Un recul dont l'église ne croit pas ses ouailles les plus simples capables, à mon avis. Pour avoir feuilleté certains volumes des fiches du cinéma - destinées aux animateurs de ciné-club catho, aux paroisses pour savoir ce que les curés peuvent recommander à leur public, etc., on reste souvent consterné, quel que soit l'année (Mais attention, à partir de 2003, ce n'est plus l'OCFC qui s'en occupe, c'est une asso indépendante, peut-être laïque !) C'est dans ses fiches qu'on trouve vraiment la voix de Rome pour moi, et pas dans les livres des éditions du Cerf qui étaient plutôt des ouvrages de "recherche" pour un lectorat pointu....

Soit dit en passant, télérama n'est plus aujourd'hui une revue à proprement parlé catholique puisqu'elle est sortie du groupe qui publie "La vie" en 2003 pour être racheté par le groupe du Monde (qui a aussi Les Inrockuptibles et les Cahiers du cinéma actuellement). Donc, plus d'images pieuses en couverture des numéros de Noel depuis cette année-là...
Modifié en dernier par Anonymous le dim. déc. 10, 2006 11:01 am, modifié 2 fois.
fantomas 2
Messages : 1849
Enregistré le : mer. juil. 07, 2004 11:31 am

Message par fantomas 2 »

C'est tellement vrai, ce qu'écrit Manolito, qu'en le lisant m'est revenu le flash des avis de la Centrale Catholique du Cinéma, pieusement affichés chaque semaine à Ste-Marthe des Quatre-Chemins, et que je lisais attentivement pour repérer les films déconseillés et me hâter d'aller les voir ensuite !
Ce que faisaient aussi, je l'ai découvert bien après, de futurs amis, à Paris et en province...
Il est exact que l'Eglise voyait d'un mauvais oeil tout ce qui relevait du fantastique et du surnaturel - qui empiétait donc sur son terrain - d'où la surprenante homélie contre le Père Noël, lors de cette messe de minuit que j'ai évoquée... et dont je me souviens encore après tout ce temps.
Et çà n'a pas du tout changé, si l'on considère la façon dont fut accueilli le "Da Vinci Code" dans certains milieux ecclésiastiques. En 1955, pour l'auteur d'un tel roman (ou du film) c'eut été l'excommunication pure et simple... et encore, faut pas se plaindre, jadis, c'était carrément le bûcher!

Attention, Francis, le troisième "Frankenstein" n'est pas de James Whale, et ce que voulait aussi dire Carné, c'est que quelles que soient ses qualités (plastiques, entre autres) çà se voit, Rowland V. Lee n'ayant pas du tout la personnalité du réalisateur britannique... Et ce fut le premier film dans lequel le Monstre perdit sa stature "humaine" pour n'être plus guère qu'une machine à tuer, même si l'interprétation de Karloff lui donne encore quelque épaisseur.

Je ne sais pas pourquoi on ne peut pas cliquer sur le document dans un précédent post, en tout cas le revoici :

Image
manuma
Messages : 3001
Enregistré le : dim. mai 08, 2005 9:44 am
Contact :

Message par manuma »

Très intéressant à lire tout ça. Et surprenant pour moi qui aimait bien lire dans mon adolescence les critiques TV et ciné de Télérama, les trouvant beaucoup plus étoffés que celle du Télé 7 jours de mes parents, pour ne citer qu'un autre canard télé, et n'avait jamais vraiment ressenti cette forte orientation catho dont vous parlez (et même s'ils avaient une fâcheuse tendance à démolir tout ce que j'aimais).

Autrement, pour citer un petit exemple de critique de film m'ayant assez surpris à sa découverte des années après sa rédaction, je me souviens avoir lu dans un Ecran fantastique celle de When a stranger calls de Walton qui, alors que je m'attendais à lire quelque chose d'élogieux à son égard, attaquait assez sévèrement le film sur la base de l'origine européenne du méchant, qui, selon l'auteur des lignes, témoignait de cette phobie, cette peur de l'autre, caractéristique d'un certain ciné américain très conservateur. J'avais été assez étonné par cet angle d'attaque.
Modifié en dernier par manuma le dim. déc. 10, 2006 6:21 pm, modifié 2 fois.
Fatalis rex
Messages : 7723
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 10:19 am

Message par Fatalis rex »

De toute façon, cette censure de certains catholiques obscurantistes vieille d'un demi-siècle est absurde, puisque le Nouveau Testament lui-même navigue dans les eaux du fantastique, même si le but n'est pas de divertir mais d'illustrer une philosophie par la symbolique.
On y trouve miracles, guérisons, resurrections, et je ne parle même pas de l'Apocalypse de St Jean, qui relève même carrément de l'horreur. Suivre les principes d'une religion basée sur des écrits qui ne cherchent à aucun moment à être réalistes, et rejeter le genre fantastique et horrifique comme si c'était l'instrument du diable, c'est assez paradoxal.
Manolito
Site Admin
Messages : 21654
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 2:17 am

Message par Manolito »

Oui, mais c'est justement là que se situe, à mon avis, le petit souci. On demande aux catholiques de "croire sans preuve" (c'est le principe de la foi) à la réalité de récits largement imprégnés de fantastique. Mais alors pourquoi ne pas "croire sans preuve" aux zombies, aux vampires, à la sorcellerie ?

Evidemment, dans une lecture très progressiste de la Bible, on peut dire que certains croyants d'aujourd'hui ne croient pas vraiment, que c'est un texte philosophique comme tu le dis. Mais est-ce que la grande majorité des croyants vivants, par exemple, dans des pays d'Amérique du Sud, ont-ils une approche aussi distanciée de la religion ? Est-ce que le Pape déclarerait qu'on peut être catholique et, par exemple, ne pas croire vraiment à la résurrection du Christ ? Vaste débat qui nous éloigne du sujet principal... :D :D :D
Fatalis rex
Messages : 7723
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 10:19 am

Message par Fatalis rex »

Disons que le problème est un peu inverse : il y a des zombis et des vampires dans les films fantastiques parce qu'au départ, des gens croyaient à ces légendes, que ça soit les loup-garous dans la France du Moyen-Age ou les vampires dans les pays de l'est. Des réalisateurs se sont emparés de ce folklore, ou ont adapté des livres basés sur ce folklore. C'est particulièrement vrai dans le genre gothique.

Donc il s'agit de vieilles légendes tombés en désuétude. Quand on regarde JASON ET LES ARGONAUTES, plus personne ne croit à la mythologie grecque, quand on adapte la vie du Christ, des milliers de gens y croient encore. Seulement, les choses ayant évolué, ils y croient en sachant, la plupart du temps, faire la part des choses. Quand Jésus ressucité quelqu'un, ils interprètent ça comme "lui redonner goût à la vie", par exemple. Le Pape est le gardien de sa religion, donc lui je pense qu'il croit au Nouveau Testament au 1er degré.

Bon, je m'égare, mais le pb est le même pour le vaudou, par exemple. Plein de gens y croient encore, il y a eu des films sur le sujet, donc on peut se demander si ça ne les conforte pas dans leurs croyances
dario carpenter
Messages : 6321
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:10 pm
Localisation : Haute Normandie et parfois Ile de France!
Contact :

Message par dario carpenter »

Manolito a écrit :Dario Carpenter dit apprécier les critiques de Pierre Murat : peut-être ne se rappelle-t-il pas bien de celles concernant "Deux yeux maléfiques" nous apprenant que Dario Argento "ce n'est pas du cinéma", il me semble qu'il avait tenu le même discours à propos de De Palma sur je ne sais plus quel film...
heureusement que j'avais mis " :D " pour préciser l'ironie :oops:
j'exècre bien sûr les critiques de Pierre Murat!
je me souviens qu'à une époque,il avait même participé au "sottisier" de L'Ecran Fantastique :lol: ,c'était je crois à propos de sa critique de "Mad Max" dans "Télérama"...

sinon,puisque tu cites Argento,j'aime bien "le spécialiste transalpin de l'horrifique grand-guignolesque est de retour,et une fois encore la gelée de groseilles coupée de ketchup lui tient lieu de talent" (SUSPIRIA)...mais bon,cette fois-ci,ce n'est pas Pierre Murat...c'est un autre P.M.!
Manolito
Site Admin
Messages : 21654
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 2:17 am

Message par Manolito »

dario carpenter a écrit :je me souviens qu'à une époque,il avait même participé au "sottisier" de L'Ecran Fantastique :lol: ,c'était je crois à propos de sa critique de "Mad Max" dans "Télérama"...
Reconnaissons tout de même que dans le numéro de l'écran suivant, Pierre Murat avait répondu à la citation de sa critique de "Mad Max" (1 ou 2 ?) par un courrier assez humoristique et fair play...
dario carpenter
Messages : 6321
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:10 pm
Localisation : Haute Normandie et parfois Ile de France!
Contact :

Message par dario carpenter »

Manolito a écrit :
dario carpenter a écrit :je me souviens qu'à une époque,il avait même participé au "sottisier" de L'Ecran Fantastique :lol: ,c'était je crois à propos de sa critique de "Mad Max" dans "Télérama"...
Reconnaissons tout de même que dans le numéro de l'écran suivant, Pierre Murat avait répondu à la citation de sa critique de "Mad Max" (1 ou 2 ?) par un courrier assez humoristique et fair play...
c'est vrai :) ,mais ça ne l'a pas empêché de récidiver! :lol:
CHIEN_FOU
Messages : 533
Enregistré le : mer. juil. 12, 2006 4:42 pm
Localisation : Au nord, encore plus au nord...

Message par CHIEN_FOU »

Plus je parcours ce thread et vos échanges, plus une question s'impose à moi : quel est le milieu dans lequel se recrutent les critiques des revues qui, dans une certaine mesure, sont capables d'influencer le public ? Proviennent-ils de milieux particuliers ? Quelle culture cinématographique faut-il pour se dire critique ?
Fatalis rex
Messages : 7723
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 10:19 am

Message par Fatalis rex »

CHIEN_FOU a écrit :Plus je parcours ce thread et vos échanges, plus une question s'impose à moi : quel est le milieu dans lequel se recrutent les critiques des revues qui, dans une certaine mesure, sont capables d'influencer le public ? Proviennent-ils de milieux particuliers ? Quelle culture cinématographique faut-il pour se dire critique ?

Tiens, nouveau topic en vue...
Otis
Messages : 381
Enregistré le : dim. mars 26, 2006 1:10 pm
Localisation : Tours
Contact :

Message par Otis »

Manolito a écrit :Oui, mais c'est justement là que se situe, à mon avis, le petit souci. On demande aux catholiques de "croire sans preuve" (c'est le principe de la foi) à la réalité de récits largement imprégnés de fantastique. Mais alors pourquoi ne pas "croire sans preuve" aux zombies, aux vampires, à la sorcellerie ?

Evidemment, dans une lecture très progressiste de la Bible, on peut dire que certains croyants d'aujourd'hui ne croient pas vraiment, que c'est un texte philosophique comme tu le dis. Mais est-ce que la grande majorité des croyants vivants, par exemple, dans des pays d'Amérique du Sud, ont-ils une approche aussi distanciée de la religion ? Est-ce que le Pape déclarerait qu'on peut être catholique et, par exemple, ne pas croire vraiment à la résurrection du Christ ? Vaste débat qui nous éloigne du sujet principal... :D :D :D
Des penseurs chrétiens se sont bien efforcés de croire aux miracles sans tenter de les rationnaliser - l'approche de Pascal à ce titre est un grand exemple. Il est évident que si Pascal était tjrs vivant à l'heure actuelle, il n'hésiterait pas à considérer la Shoah comme une prophétie biblique du Dieu Vengeur directement lié à l'Ancien Testament. Beaucoup d'historiens et de théologiens débattent sur la question encore aujourd'hui, les uns pronant un mouvement logique de l'Histoire, les autres une ruse de la raison bien hégélienne. :wink:

Ensuite, concernant le "Cauchemar de Dracula", à y regarder de plus près, il est vrai qu'il y a une chose ridicule dans ce film - la seule selon moi - c'est le combat entre la prisonnière et Lee. Cela reste une des plus belles surprises pour le jeune cinéphile spécialement arrêté sur l'art gothique que je suis.

ps : merci à Francis pour les références, je note ça. :wink:
fantomas 2
Messages : 1849
Enregistré le : mer. juil. 07, 2004 11:31 am

Message par fantomas 2 »

Il n'y a pas que les catholiques pour ressentir le fantastique comme une sorte de concurrence envers la religion.
Je pense même que pour certaines personnes, aimer le Fantastique, c'est y croire. Dans leur esprit - ou ce qui leur tient lieu de réflexion - un amateur de films ou romans fantastiques, c'est forcément un abonné aux horoscopes, un client des voyantes et autres marabouts, un type qui organise des soirées d'évocation de chers disparus, etc. Bref, un gobe-la-lune.
J'en ai eu encore la preuve l'autre jour, dans "Nulle part ailleurs" (oui, je sais, je ne suis pas obligé de regarder çà, mais j'aime m'informer !), il y avait comme invités les deux acteurs principaux de la nouvelle mini-série de France 2, "David Nolande". Et comme ahuri de service, le nommé Pierre Bénichou, qui a fait un tas de compliments à Frédéric Diefenthal et Elsa Kikoïne, pour ensuite leur reprocher de "s'abaisser à tourner des trucs de ce genre", alors qu'il "y a suffisamment de sectes comme çà" (???), que "les gens croient à n'importe quoi", etc etc. Bref, pour cet individu, aimer ce genre de films ou de séries, c'est bel et bien y croire. Quel con ! :D
Non seulement je ne connais personne, parmi mes amis tous amateurs de films fantastiques et d'horreur, qui perde du temps à consulter un horoscope ou visiter une voyante, mais j'ai même l'impression que c'est souvent le contraire, c'est justement les gens superstitieux, qui croient à tout ce que leur racontent les marabouts et autres escrocs, qui ne VONT PAS voir des films fantastiques. En tout cas, j'en connais, et pas seulement deux ou trois !
Quant au "Da Vinci Code", je ne perds jamais de vue qu'il s'agit d'un roman, même si c'est présenté comme "une enquête dont tous les faits sont vérifiés", artifice aussi vieux que la littérature. Alors que la Bible, ou autres livres "saints", si çà continue, on risquera rien moins que çà vie si on les qualifie d'oeuvres d'imagination...
Fatalis rex
Messages : 7723
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 10:19 am

Message par Fatalis rex »

C'est pas Nulle Part Ailleurs, plus diffusé depuis belle lurette, qui était sur C+, mais On a Tout Essayé, sur F2. Quant à Pierre Bénichou, il tient le rôle du vieux con de service (heu... désolé pour le "vieux", le temps ne fait rien à l'affaire comme disait l'autre) qui ne raconte que des conneries, généralement en parlant fort pour se persuader d'avoir raison.
Répondre