Attention ; que Pontecorvo dise que des partisans de l'A.F. aient apprécié son film ne préjuge absolument pas de son exploitation ou non en France. Ils ont pu le voir en S8mm ou en 16mm ou en 35mm en projection privée, à l'époque, ou que sais-je encore ?Manolito a écrit :Pour "La bataille d'Alger", il y a eu une émission récente sur RFI, pour la sortie du DVD où ils interviewaient un spécialiste de la guerre d'Algérie au cinéma. Il expliquant en substance que le film n'est pas sorti en France car les exploitants ont eu la trouille de casseurs, en particulier chez certains anciens combattants de la guerre d'Algérie qui avaient semble-t-il déjà fait du bordel au cours des quelques projections exceptionnelles du film en France. Aucun distributeur n'a voulu prendre le risque de le sortir, et l'état ne serait pas intervenu pour empécher sa sortie...
En revanche, je vous signale à tous que LA BATAILLE D'ALGER passait régulièrement, dans les années 1980-1985, au Bellevue, en face du métro Belleville à Paris, comme je le signale dans mes Souvenirs des cinémas parisiens 1968-2000 dans la section "Bellevue". Et que tout un chacun pouvait le visionner en toute quiétude : ex-pro comme ex-contra... voire même ignorants et indifférents venus là par hasard...
Il y a des films comme ça qui deviennent totalement visibles 10 ans après avoir suscité terreur et bataille ou peur de bataille de la part des exploitants ou des militants de tous bords : THE GREEN BERETS [Les Bérets verts] (U.S.A. 1968) de John Wayne & Ray Kellog par exemple, sulfureux à sa sortie, puis reprogrammé presque clandestinement aux Champs-Elysées vers 1980-1985 dans des salles immenses mais à moitié vide, voire aux trois-quart vides... car le film était devenu oublié de tous sauf de quelques ex-pro et ex-contra, le reste du public étant constitué de quelques cinéphiles de tous bords se jetant sur une rareté - par habitude, en somme - et par un impavide grand-public international presque surpris de visionner un film dont l'esthétique trahissait la date de réalisation alors qu'ils pensaient voir un film des années 1980-1985 bien que les photos fussent exposées à l'entrée des salles encore à l'époque, Dieu merci ! Enfin je crédite certains d'entre eux, parmi cette entité nommée grand-public international, de s'être peut-être souvenus d'avoir vu le film dans leurs propres pays ou de savoir qui étaient John Wayne et d'être venus consciemment à une reprise mais pour d'autres... il y avait méprise ou doute ou hasard pur, je pense.
J'ai vécu cela en temps réel, de telles projections. On avait l'impression - curieuse et trouble - d'être en marge de l'histoire, du temps, de vivre un moment décalé, pour tout dire, et presque élitiste puisque une fraction seulement du public avait véritablement conscience de ce qu'il visionnait. Enfin là aussi, je change de sujet... et je m'arrête. Mais il y aurait une philosophie de telles séances à écrire...