N'est-ce pas ?Jarlow a écrit :En fait je comprends pourquoi certains sont si tatillons sur les hors sujets dans un topic. Il suffit de laisser l'opportunité d'un debat un peu libre, et en une page on passe de Telerama à une Secte d'Insectes. Fascinant.

Il y a là quelque chose de mi-voltairien, mi-surréaliste mais on s'écarte aussi parfois un peu d'une réflexion vraiment rigoureuse et éclairée par des sources nécessaires. Je complète la donne un peu plus bas...
Merci à Jean-Claude Michel pour l'augmentation de la taille de la critique de l'OFCC qui est assez positive finalement, non ?

Ah navré

Pour avoir mon avis plus détaillé sur les Karloff et les FRANKENSTEIN de la Universal, c'est ici :
http://www.ecranlarge.com/fiche-dvd-330.php
Je sais que vous êtes un grand admirateur de Karloff, cher J.-C. M., c'est pourquoi je me permets de vous signaler ce texte au cas où il vous aurait échappé lors de sa parution.
pour Otis : de rien.

Note additionnelle sur l'essence du fantastique :
vous avez tous raison, elle repose sur la transgression de la limite entre rationnel et irrationnel et s'oppose donc par principe à la naïveté superstitieuse. Elle est tout au contraire le résultat d'un libre jeu conscient des facultés, comme aurait dit Kant. Certes, on sait que Jacques Tourneur croyait aux fantômes, cela dit, mais son art de réalisateur était bien conscient et purement rationaliste. Le rationalisme n'est d'ailleurs nullement antinomique du surnaturel : l'augustinisme, le thomisme, sont des rationalismes, et Pascal n'est pas moins rationaliste que saint Anselme. Simplement ce sont des rationalistes qui savent faire la part de l'irrationnel.
Très vieux problème d'histoire de la philosophie illustré dans tout bon manuel de terminale et passionnant problème d'ailleurs.
Au niveau de l'esthétique - la littérature, le cinéma, sont des arts et relèvent donc de l'esthétique en tant que discipline philosophique - il existe aussi de passionnantes discussions telle que "Faut-il croire au surnaturel pour écrire de bonnes histoires fantastiques ?".
C'est un peu le paradoxe du comédien de Diderot à propos de l'art dramatique : bien des réponses nuancées peuvent être données.
Il y a bien des degrés : la moindre anthologie littéraire fantastique le montre aisément. Et l'histoire des théories sur l'art et la littérature fantastique le montre aussi.
Cf. par exemple - cette petite bibliographie est très incomplète mais déjà très utile pour poser le problème correctement - Les analyses esthétiques - et historiques - de :
- H. P. Lovecraft, "Épouvante et surnaturel en littérature", trad. française éd. U.G.E., coll. 10/18, Paris 1970
- Louis Vax, "La Séduction de l'étrange. Étude sur la littérature fantastique", éd. P.U.F., , coll. B.P.C., Paris 1965
- Roger Caillois, "Anthologie du fantastique", éd. Gallimard, coll. N.R.F., Paris 1966
- Louis Vax, "L'Art et la littérature fantastiques", 3ème éd. P.U.F. mise à journ coll. "Que sais-je ?", Paris 1970
- P.G. Castex, "Anthologie du conte fantastique français", éd. José Corti 1947 puis 1963 et aussi la thèse de Castex sur le conte fantastique en France, même éditeur,
- René Prédal, "Le Cinéma fantastique", éd. Pierre Seghers, coll. "La Guilde du cinéma", Paris 1970
- Gérard Lenne, "Le Cinéma fantastique et ses mythologies", éd. du Cerf, coll. 7ème Art, Paris 1971 puis rééd. revue et augmentée, éd. Henri Veyrier Paris 1985
- Jean-Pierre Bouyxou & Roland Lethem, "La Science-fiction au cinéma", éd. U.G.E., coll. 10/18, Paris 1971 (issu d'un collectif intitulé "65 ans de science-fiction au cinéma")
- Jean-Marie Sabatier, "Les Classiques du cinéma fantastique", en particulier sa première partie, en forme de dialogue esthétique, historique et philosophique, intitulée "Pour une approche du fantastique" (pp. 9-35), éd. Balland, Paris 1973 et les divers articles de Sabatier parus dans Vampirella, la Revue du cinéma- Image et son, etc...
Lire aussi les études de Freud sur l'inquiétante étrangeté, de Marie Bonaparte sur Edgar Poe, et bien d'autres chose encore si on souhaite creuser ce sujet si noble.... ce que je cite est infime comparé à la masse de références existantes sur ce sujet.
Pour revenir à notre sujet de départ (les films considérés aujourd'hui comme des chefs-d'oeuvre alors qu'ils furent méprisés à leur sortie) je précise que le phénomène inverse ne cesse pas de se produire non plus. Jean Boullet a par exemple joyeusement méprisé le cinéma fantastique expressionniste allemand...
Cf. : http://www.dvdrama.com/fiche.php?6946
Mais ce serait l'occasion de créer un nouveau sujet... inverse de celui-ci.
Mépris et admiration :
Il y aussi des cas intéressants comme celui de Pierre Philippe, qui écrivait dans Cinéma. Voici un critique qui allait voir en exclusivité en 1955 -1965 des films d'Inoshiro Honda, de Fernando Mendez, de Terence Fisher et qui, très souvent, les méprisait alors qu'il clamait son intérêt, voir son amour, pour le genre. Genre qu'il illustra par la suite cinématographiquement en réalisant lui-même un film fantastique.