Revu sur la galette de chez Neo. Rien à redire sur la copie. Bon, il n’y a qu’une version italienne sous-titrée français - un choix risqué de leur part, à mon avis - mais personnellement ça me va, je n’en réclamais pas plus à ce niveau. Le très loquace Federico Caddeo assure en français un commentaire audio de bonne tenue, sans trop de redites par rapport aux autres commentaires audio des gialli sortis chez Neo, et le petit doc est agréable à suivre, même si fondamentalement George Hilton, le principal intervenant, n’a rien de spectaculairement intéressant à raconter. Disons que c’est surtout l’occasion de reprendre quelques nouvelles de stars de cette époque aujourd’hui un peu oubliées.
Quant au film, c’est toujours un régal. Un passionnant film de transition dans l’Histoire du giallo, comme il nous l’est expliqué dans cette édition. Au portrait critique des mœurs décadentes de la grande bourgeoisie, façon Lenzi et ses sexy-gialli, s’adjoint ainsi une histoire de serial-killer au rasoir de type
Oiseau au plumage de cristal, servant très astucieusement d’alibi non seulement à certains protagonistes de l’intrigue, mais aussi aux auteurs-même du film, dans leur tentative de rameuter le public du film d’Argento. Et qu’importe si cette association d’idées (et de contraintes) débouche sur une histoire particulièrement tordue et hautement improbable. La vraisemblance de l’intrigue est clairement une question secondaire dans le cas présent.
Lo Strano vizio della Signora Wardh, c’est avant tout un exercice de style. Et un pur plaisir de cinéphile, bisseux ou non.
Le film est truffé de séquences formellement brillantes et stimulantes, dans lesquelles montage, cadrage et bande-son n’ont jamais peur d’oser, innovant parfois à partir de matériel existant, comme dans la très belle scène du meurtre de Carol dans le parc viennois qui évoque immanquablement Tourneur et son
Leopard Man (que j’ai vu il y a seulement quelques mois, ça aide …) ou la séquence très baroque
Du cinéma sans nul doute gratuit et sans grand portée, philosophique, sociale ou autre (en dépit d’un citation de Freud ouvrant le récit), mais dont on ne peut nier l’aura particulière, les ambitions formelles et l’extrême élégance.