Garfield est un nom qui résonne. Surtout dans une grande salle, un église par exemple. Si on avait à crier Garfield dans une église, alors oui, ça résonnerait beaucoup. On pourrait alors le crier plusieurs fois et même régulièrement, tous les dimanches. Petit à petit, et même très rapidement, on instaurerai un sous religion Garfield puis une religion à part entière.
Car Garfield, c’est tout un monde, tout un esprit, tout un concept qui nous est présenté sous cette forme que le commun des mortels appellerai cinéma.
Si on en revient au début, on a Garfield, le chat fainéant, goinfre, roux, mesquin, armé d’un sourire sadique. De cette image, ô combien mauvaise, on obtient par la magie d’un rouleau compresseur X255 V8/2, plus communément appelé machine à formater de chez Disney, un image propre et lisse. On pourrait presque en faire un miroir.
Heureusement, une fois de plus, le seul matou n’est pas englouti mais tous son monde, ses maisons flashy dont la peinture sèche encore, son soleil radieux son ciel bleu (dont la peinture sèche encore), des dialogues gavés de formol et des femmes en minijupes, sauf une grosse qui est en robe rose bonbon (dont la peinture sèche encore).
Mais l’uniformisation d’un univers serait trop facile, si il ne touchait pas tous les sons, musiques et sentiments mielleux qui donne la gerbe. Donc en bon créateur, Peter Hewitt, toujours armé du X255 V8/2 passe la tondeuse et vomit du bon être et de la joie de vivre.
Mais son coté obscur demeure. Il introduit ses marques sadomasochisme par ce collier de chien terrible dont il se sert à la fois sur des animaux mais aussi sur un être humain !
La commission de censure n’est pas infaillible, elle n’a pas non plus remarqué la volonté du réalisateur à libérer les gens de leurs pulsions les plus animales. C’était pourtant clair, Hewitt est un zoophile chevronné puisqu’il oblige son héros à vivre avec des animaux et uniquement ça. Hewitt est son héros qui par tous les moyens veut retrouver ses animaux de compagnie pour retrouver le plaisir qu’il prend avec eux !
Bien sur, il poussera son analyse plus loin en le (se) confrontant directement avec un de son espèce, ici la femme. Mais la conclusion de cette aventure ne montre-t-elle pas que le mal le ronge encore au fond de lui ? Car après tout, celle qu’il prendra a pour métier vétérinaire. Alors reculer pour mieux sauter ? Ou thérapie du mal par le mal ?
Bloqué à sur sa propre analyse dans le film, les éléments prennent ni queue ni tête : un chat qui surfe dans des escaliers, des trains qui s’arrêtent net, JLH en pantalon. A propos… Bellucci avait goûté à la perversité dans Irréversible, Love Hewitt a plongé la tête dans le seau. Frustré d’un amour impossible, elle s’enferme admirablement dans son rôle de potiche coincé prête à se faire pèter le fion. Elle subit tous au long du film des humiliations insoutenables : couverte de couche maquillage, elle devra courir en mini jupe, annuler un rendez-vous pour retrouver un chien disparu et même attendre que le temps passe pendant que Meyer sort des repliques troublantes, comme à cette guichetière : « - arrêtez ce train, ce sont mes animaux et je les aime ».
Voila. Garfield ne se regarde pas, c’est un œuvre qui se vit pleinement par ses tripes. On terminera par cette phrase de Kubrick en son temps : « j’aurai mieux fait d’aller me coucher »
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"Quand on n'a qu'un marteau dans la main, tous les problèmes deviennent des clous." - Park Chan-Wook, 21/01/99 à 10h32.