Vu en 70mm au cinéma Mercure d'Elbeuf : un régal.
Très belle copie (avec quelques inévitables griffures ça et là, vu le fait qu'elle tourne depuis 4 semaines...), d'une précision remarquable! Les gros plans sont véritablement charnels, le visage marqué de rides de J.J Leigh est saisissant de réalisme, les décors magnifiés par ce ratio de 2.76:1!
Tarantino a su magnifiquement s'y prendre pour composer son cadre et donner toute la mesure du format U.P.70. Un vrai régal, y compris sur les techniques utilisées comme la double dioptrie (sur le plan Mannix à terre/ Marquis couché sur le lit) ou la simple (le point fait sur Russellà la porte puis sur JJ Leeigh jouant de la guitare). Ceci entre autres trouvailles visuelles... Tarantino connait et sait utiliser le format large (et celui-ci en particulier), ce qui le fait rejoindre sans acun problème au panthéon des plus belles utilisations avec It's a Mad mad Mad world ou encore Khartoum, Battle of the Bulge. (je n'ai pas de souvenir de Hallelujah Trail...).
Le son frisait aussi l'hallu avec une répartition insensée sur l'ensemble des canaux. Une stéréophonie "à l'ancienne" aurais-je envie de dire, et tous les canaux véritablement sollicités et utilisés à leur potentiel maximal.
Pour le film, j'ai beaucoup aimé. Le score de Morricone est étonnant, assez grisant dans sa montée en puissance. Moi qui n'était pas du tout fan de ses dernières compos, je trouve qu'il a retrouvé du poil de la Bête. Et la réutilisation de morceaux venant de The Thing est assez bien vu, surtout par rapport au sujet!
Les clins d'oeil pleuvent, ou tout du moins j'en ai saisi certains (hommage à Faith Domergue... mais surtout le fait que Madsen s'appelle "joe gage" m'a fait marrer... c'est le nom d'un réalisateur de porno gay des 70's, en fait le pseudo de Tim Kincaid

il est IMPOSSIBLE que cela soit un hasard

). Ca reste toujours en marge, mais pour ma part, le plaisir de remettre les points sur les I concernant les films/acteurs concernés est bien là.
Pour en venir à la scène du viol qui a fait couler de l'encre... pas de quoi fouetter un chat, franchement. Le bis d'exploitation en a montré de bien pires sans que ça fasse réagir! Je me suis posé la question sur l'opportunité de montrer (ou pas). D'un point de vue scénaristique, elle a tout son sens
Tarantino sait jouer ici sur tous les tableaux, au premier comme au deuxième degré. Ca part du même principe que l'utilisation du mot "nigger", avec l'explication de texte par Russell au début du film (ce qui luipermet de régler ses comptes avec ses détracteurs, surtout par rapport à ce qu'ajoute JJ Leigh juste derrière...). Pour le rendu visuel du viol, franchement... par rapport aux saloperies subies par Annick Borel dans Louve Sanguinaire (qui m'ont révulsé), on en est très très loin.
En tous cas, aucun ennui de ma part, bien au contraire. Je trouve cela savoureux, avec des dialogues bien sentis, des acteurs au top jouant à la fois sur la solidité de leur jeu mais également sur la quasi-parodie de films du même genre, avec les exagérations liées aux rôles (le lissage de moustache de Kurt Russell, très bon!).
Et le plaisir de voir un vrai 70mm, ouverture; intermission... et les explications de Tarantino juste après le retour au fauteuil... c'est bien apprécié pour ma part (et également les spectateurs présents hier soir!).
Bref, du tout bon pour moi!
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